C'est donc le 5 novembre dernier que l'on a retrouvé Christopher Nolan après deux ans d’absence et un « The Dark Knight Rises » qui avait conclu une superbe trilogie sur l'homme chauve-souris.
Le metteur en scène retourne cette fois-ci dans la science-fiction qu'il avait quittée avec « Inception », et plus particulièrement dans le voyage dans le temps. Co-écrit par les deux frères Nolan (Jonathan et donc Christopher), « Interstellar » vous transporte littéralement dans un voyage de trois heures dont vous ne ressortirez certainement pas indemne.
C'est avec une histoire solide, bien construite et qui nous apprend des choses (l'espace-temps, les trous de vers, les trous noirs) que le dernier-né du génie Nolan se montre devant nous. Une histoire des plus passionnantes, qui met un peu de temps à débuter, mais qui au final ravit totalement. Un scénario maîtrisé de bout en bout, inventif, jamais vu, d'une richesse incroyable, aux multiples rebondissements et moments de bravoures, et aux personnages atypiques mais intéressants. « Interstellar » c'est tout ça à la fois. Une beauté visuelle comme pouvait l'être « Gravity » mais aussi un script digne des Nolan (ce qui est loin d'être le cas de « Gravity »). Il est très rare aujourd'hui d'être devant une œuvre qui vous apprend des choses. Une œuvre interstellaire, à la fois didactique, cognitive mais surtout fascinante.
Pour accompagner cette flamme naissante d'un scénario à la fois efficace et touchant, Nolan et son budget colossal s'attribuent l'un des meilleurs castings de cette année 2014. Matthew Mcconaughey en tête d'affiche, n'a plus à prouver son talent. Après avoir reçu l'oscar pour son rôle de malade du sida dans « Dallas Buyers Club », l'acteur signe ici une très grosse performance. Une interprétation qui donne toute sa puissance au personnage principal du film et qui nous permet de s'y identifier. Dans le rôle du docteur Brand, on retrouve la magnifique Anne Hathaway. Une présence qui marque une deuxième collaboration avec Nolan après « The Dark Knight Rises ». Le fabuleux Michael Caine est une fois de plus au rendez-vous. On notera aussi les apparitions de Jessica Chastain, Matt Damon (bien que courte), de Casey Affleck ou encore de Wes Bentley. Un casting riche et totalement idéal.
Connu pour ne pas être un adepte des images de synthèse et de la 3D, Christopher Nolan nous prouve une fois de plus qu'il est possible de faire un film totalement réaliste sans créer des environnements complets sur ordinateur. Le résultat, ce sont des plans réalistes et d'une beauté certaine grâce notamment à la technologie IMAX. Les séquences sur les planètes inconnues sont simplement hallucinantes de réalisme et pour cause, elles ont été tournées en Islande. Nolan est un perfectionniste, au point que mêmes les deux robots du film Case et Tars ont été créés de toutes pièces. Une quête du réalisme qui favorise l'immersion comme c'était déjà le cas pour la trilogie Batman. Une particularité de Nolan que l'on ne peut qu'apprécier quand on voit des villes créer complètement en 3D dans certains films.
Au niveau de la mise en scène, Nolan fait ce qu'il faisait déjà. Les plans sont propres mais toujours sans touches particulières. Le montage est assez brut comme à l'accoutumée mais ce n'est pas dérangeant puisqu'ici c'est l'histoire qui prime. L'utilisation de la musique est toujours très marquée. Encore une fois certain la décrieront, jugeant que c'est facile de mettre de la musique pour boucher les lacunes des dialogues. Ceux-là ont en partie raison. Seulement ce n'est pas n'importe quelles musiques. Composée par Hans Zimmer, la bande sonore d' « Interstellar » est d'une beauté incomparable. Remplis d'émotions et de mélodies dramatiques, les thèmes du compositeur sont foudroyants, notamment à la fin. Quand on sait que Nolan a interdit à son compositeur de lire le scénario de son film et qu'il l'a laissé travailler à l'aveugle, on se dit qu'Hans Zimmer possède un don que l'on ne retrouve pas chez les autres grands noms de la composition musicale.
C'est donc chargé d'émotions, de questions, que l'on ressort de la projection du film. Une claque dans la figure, voilà ce que l'on vient de se prendre, et ça fait un tel bien. Je crois que c'est le plus beau film qu'il m'a été donné de voir au cinéma. Tous les ingrédients sont réunis pour moi. Un certain mystère (le temps), des enjeux qui sont énormes, de bons acteurs, une mise en scène propre et par-dessus tous une soundtrack venue d'ailleurs. C'est en repensant plus tard à l'année 2013 et « Gravity » que l'on comprend tout à coup que malgré la mise en scène de Cuaron, son film est à des années-lumières de l'oeuvre qui vient de nous transporter. Je n'ai pas peur de le dire même si tous ses films ne sont pas excellents, Nolan est un très grand réalisateur et il n'a plus à le prouver. « Interstellar », c'est le film de 2014. Celui qu'il ne faut pas rater. Un des Nolan les plus aboutis. Les plus émotifs n'y échapperont pas, car le final est simplement bouleversant.