« Interstellar » est une réussite incroyable. Nolan après son trop assommant « The dark knight rises » revient ici avec une odyssée spatiale très attendue. Prétendant avoir réalisé son « 2001 l’odyssée de l’espace » Nolan met en scène un casting incroyable pour porter à bien sa réalisation : une épopée de 2h50 profonde et renversante, aux images sidérantes, à l’histoire prenante et étonnante, et au relationnel émouvant.
Une réalisation complètement délirante. Au milieu de ses effets de style habituels, à la manière de son « Inception », Nolan innove en incorporant un rythme, une ambiance, un style et une mise en scène situés quelque part entre « Gravity » et l’incroyable « 2001 l’odyssée de l’espace». Portés part la musique exceptionnelle de Zimmer, bande originale hallucinante et nouvelle pour ce compositeur talentueux habitué à se reposer sur ses acquis, certains passages sont sidérants.
Nolan trouve des idées complètement incroyables, explore des thèmes insondables et courageux, écrit une trame qui tient la route malgré la complexité du sujet, offre des fondements inconnus et incroyables. Il nous fait explorer les confins de l’univers, les théories des trous noirs, des trous de vers, de la 5ème dimension, de la relativité du temps, de l’espace, nous offre un voyage sombre, émouvant, mélancolique et profond comme il est rare de voir. Il nous offre une vision de l’avenir pessimiste, un monde post apocalyptique terne, sans détail, sans vie, ponctué d’impressionnantes tempêtes de poussières qui appuient l’impression de désarçonnement total.
Nolan a une fois de plus utilisé les effets numériques au service de son histoire et de ses personnages. Nolan prétexte la dimension spatiale pour raconter une histoire familiale déchirante. Le thème de l’amour est omniprésent. Les thèmes spatiaux offrent la complaisance, la sidération, le déconcertement mais surtout l’émerveillement. Les thèmes terrestres offrent la tristesse, l’émotion, offrent le regret, l’espérance, la force, l’instinct. On plane devant l’espace, on pleure devant les personnages. Le voyage est intersidéral, terriblement profond.
Le voyage spatial prend complètement son spectateur, il ne peut que rester bouche bée devant tant de beauté, devant une mise en scène aussi somptueuse pour essayer d’imaginer avec le plus de réalisme possible un monde immense et inconnue, pour nous représenter un monde à la fois attrayant et pourtant incroyablement dangereux. La trame terrestre, elle, nous ramène sans arrêt à la réalité, et nous rappelle pourquoi la terre tourne, pourquoi l’homme existe, cette trame terrestre reste étonnement la plus puissante. Elle ne peut que toucher le spectateur, l’humanisme est sensationnel, la présence paternel rassurante, son absence terrible. Nolan arrive à concilier ces deux trames, toutes deux très touchantes, en une seule, grâce à un raccord et une logique complètement délirants et d’une intelligence rare.
L’histoire terrestre offre toute la légitimité du voyage spatial, c’est elle qui nous ramène constamment à la réalité et qui nous offre les plus grosses sensations. Nolan offre un montage incomparable pour garder un sens logique a son histoire.
Le dénouement est intelligent, offrant un twist final de très grande envergure. Mais surtout Nolan impose sa patte, impose son style et son génie de mise en scène et signe le meilleur film de science fiction depuis des années et certainement un des meilleurs films de l’année.
Matthew McConaughey offre une prestation une fois de plus remarquable, un acteur devenu irréprochable et aux choix artistiques honorables. Il porte une humanité sensationnelle au long métrage, il donne l’espoir, la puissance de l’humanité et est terriblement touchant à chaque instant. Sa relation familiale est déchirante, sa présence indispensable. Tout le long métrage repose sur son personnage, que ce soit la dimension terrestre ou spatiale, l’une comme l’autre ne serait absolument rien sans la prestation indéniablement magnifique de l’acteur.
Nolan réalise par moment un film trop bavard de part des explications non indispensables mais met en scène aussi certains plans séquence dans le silence complet de l’espace grandioses. Planant dans l’espace face à des astres immenses la comparaison avec 2001 n’est plus a faire. Les 3h passent à la vitesse de la lumière et l’on ressort de cette œuvre profonde, à la fiction réaliste parfaite et à l’humanité omniprésente complètement perdu. Le film de Nolan arrive parfaitement à faire voyager son public comme rarement il lui en a été donné l’occasion. Le casting est implacable, entre une Jessica Chastin passionnante mais une Anne Hathaway quelque peu sous employée.
Mais le long métrage laissera une partie du public sur le côte, si le spectateur ne rentre pas directement dans le long métrage il lui sera impossible de rattraper le vaisseau en marche et ne sera face qu’a un enchainement de scènes lourdes, poussives, mélodramatiques, à la limite du ridicule, prétextes a des effets numériques au milieu d’une histoire sans intérêt et sans sens réel. Mais le spectateur qui adhérera des le début vivra un voyage exceptionnel, d’une beauté et d’une perte de repère effarantes et géniales qui lui offriront des souvenirs et une expérience mémorables.
Le dernier long métrage de Nolan nous fait quitter la terre, passe devant l’excellent « Sunshine » de Boyle et la bombe de Cuaron de l’année dernière, pour nous offrir l’un des meilleurs films d’odyssée spatiale depuis de longues années. L’expérience est monstrueuse, le rendu magnifique, mais surtout Nolan nous offre, de mémoire de cinéphile, l’odyssée spatiale la plus humaine de l’histoire du cinéma.
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