« Interstellar » est un film doué de plans et d’effets spéciaux sublimes. Les images sont très esthétiques et les cadrages sont utilisés de façon à montrer l’immensité de l’espace et des décors à côté des personnages qu’on voit souvent en petit, une très bonne façon de montrer à quelle point nous sommes d’infimes poussières comparés à la création. Que dire aussi des supers design des vaisseaux, des costumes, des planètes des costumes et de Gargantua ? C’est énorme !
La BO est ma deuxième préférée de Hans Zimmer après « Le roi lion ». Muni d’un orgue et d’un piano, le compositeur nous fait ressentir énormément d’émotion en déclinant les deux notes du thème « day one » à l’aide de rythmes et intensité variés selon les scènes. Le suspense est travaillé dans son « no time for caution » ou « murph ». L’une des musiques les plus incroyables reste « Mountains » composé d’une série de Tic-Tac
chacun espacé d’une seconde et un quart ce qui dans le film équivaut pour l’anecdote à une heure sur la planète Terre.
Cette BO est une des plus originales et des plus travaillés du compositeur, la seule chose qu’on pourrait lui reprocher c’est de ne pas toujours coller avec le film, peut-être à cause du fait que Zimmer en a composé les thèmes principaux sans connaitre beaucoup de choses du film.
Ce qui est incroyable avec « Interstellar » c’est la diversité et la richesse des thèmes abordés : la survie, le paranormal expliqué scientifiquement, le temps, la gravité, l’amour, l’écologie, la surpopulation, le climat, les dimensions, le sacrifice, le mensonge, la lâcheté, les regrets. Tous ces sujets sont traités en quantité et en qualité avec justesse.
Scientifiquement je me suis renseigné le film tient pas mal la route, puis même quand on voit tous les sujets scientifiques traités dans le film on se rend compte que d’un point de vue science-fiction « Interstellar » fait largement le job, on est rassasiés. Puis les gens disent que ce film est très compliqué à comprendre, et bah franchement je trouve que ça va je pense avoir tout compris ou au moins l’essentiel. Si vous voulez vraiment des films incompréhensibles allez voir les « Matrix » là vous allez bégayer.
Que d’émotions quand même ce film !
La scène du départ de Cooper, celle où il repasse les messages des vingt-trois dernières années, celle où il s’envoie le message « Reste » pour annuler son départ dans l’espace et retrouver sa fille,
que de larmes aux yeux ! Il n’y a pas à dire « Interstellar » est un puissant drame.
Toutes ses larmes aussi, la faute au magistral Matthew McConaughey et à tous les autres acteurs qui s’en tirent tous plutôt bien. On notera aussi la présence du sympathique Matt Damon. Tous interprètent des personnages très intéressants psychologiquement mais aussi symboliquement :
Mann représente la lâcheté et la survie égoïste, tandis que le fils de Cooper représente plutôt la survie à plusieurs sur terre, Cooper et Murph, eux, représentent l’un des duo père-fils les plus mémorables du cinéma. Puis comment ne pas citer le docteur Brand, personnage intéressant pour ses mensonges et sacrifices, et sa fille Amélia qui sert à développer le thème de l’amour ?
La mise en scène est bonne, elle nous propose des jeux de texture et puis surtout le perfectionnisme de Nolan qui le pousse à ne rien laisser au hasard et nous livrer de nombreux rebondissements, mais elle se fait quand même assez discrète et plate par moment par exemple dans la scène de la vague géante, ce qui est un peu dommage car c’est une scène clé du film.
Les robots sont sympas mais avec leurs voix française on sait jamais trop quand c’est eux qui parlent.
Impossible sinon de ne pas remarquer à quel point « Interstellar » est inspiré de « 2001 : odyssée de l’espace » que ce soit dans le scénario, les idées, les thèmes abordés, la mise en scène, les designs des vaisseaux et décors. Malgré cela « Interstellar » reste original et plein de nouveauté et de pertinence.
La morale est sympa : certes les morales sur l’amour c’est très peu original mais ici le film cherche à nous prouver que l’amour est la seule chose qui ne change pas peu importe le temps et la réalité dans laquelle on est, et ça c’est plutôt cool et original car en plus c’est bien traité tout au long du film !
Ce qui m’a gâché un peu le film, c’est le manque de réalisme. Il y a énormément de grosses idées géniales et originales dans le scénario, mais qui ne sont pas assez approfondies mais surtout pas traitées à leur juste valeur.
Je m’explique : moi si un membre dans ma famille devait partir je ne sais combien d’années dans l’espace, je deviendrai fou, je l’en empêcherai par tous les moyens, j’irai jusqu’à l’enfermer à clé dans une pièce pour pas qu’il parte, et bien non, la petite Murphy se contente de pleurer. Et puis comment Cooper peut-il accepter une telle mission en deux secondes ? Ca fait dix minutes qu’il a découvert que la NASA existait encore et il accepte déjà de partir plusieurs d’années dans un trou de ver pour sauver l’humanité… C’est un peu gros tout ça, mais comme dans beaucoup de films américains, les personnages disent « okay c’est pas grave on a perdu vingt-trois ans sur cette planète mais tranquille ».
Tout ça aurait mérité plus de scènes et moins de précipitations car je pense que c’est à cause de ça que j’ai pas accroché plus que ça au film, disons que c’était certes émouvant si tu prends quelques scènes individuellement mais en tant qu’œuvre c’est pas hyper prenant.
Sinon le film est très long : deux heure quarante, mais c’est totalement justifié pour le coup pour un film qui traite autant de sujets, de thèmes et de personnages… Non franchement même s’il y a beaucoup de dialogues inutiles et de remplissage, avec le côté visuel et musical on tient le rythme et la longueur sans problème.
Quelques faux raccords notamment dans les scènes qu’on voit deux fois mais c’est pas très grave. Quant à la théorie des trois Cooper ça tient la route mais j’en vois pas l’utilité.
On ne peut que remercier ce genre de films certes pessimistes car ils prévoient des scénarios apocalyptiques dans les prochaines décennies si on ne fait pas plus attention à la planète mais ils nous font réaliser à quel point on est allé trop loin, et puis les films visionnaires c’est quand même très stylé.
Puis la fin j’ai adoré, c’est inattendu, c’est intelligent, on pourrait parler du paradoxe du futur qui se crée tout seul c’est un peu étrange mais on va pas s’arrêter à ça.
Pour conclure, « Interstellar » est une masterclass de science-fiction que j’ai adoré mais que je considère pas comme un chef-d’œuvre, même si techniquement on le frôle de peu. Il n’est pas assez captivant et réaliste, j’ai été un peu déçu, peut-être car je m’attendais à beaucoup étant donné les éloges qu’on en fait.