Interstellar, où le film le plus étrange de Christopher Nolan. Je suis ressorti de la séance sans ne savoir réellement que penser de ce film. Du recul était nécessaire pour peser le pour et le contre de ce qu'en presque 3 heures Christopher Nolan nous a montré. Le pitch à savoir, quelques astronautes doivent partir dans l'espace à la recherche d'une nouvelle planète habitable, face à une planète terre qui se désagrège de plus en plus, et qui menace l'extinction de l'humanité, n'est pas une nouveauté en soi. Ce thème a déjà été traité dans plusieurs films.
Alors qu'en est il de ce fameux "Interstellar" considéré comme un nouveau chef d'oeuvre de la science fiction pour certains, d'un plagiat de l'univers du domaine de la Science Fiction déjà abordé ??
Eh bien, force est avant tout d'admirer la volonté de Christopher Nolan de tenter de rendre le film accessibme à tout public, un public qui n'y connaîtrait rien ni à la théorie de la relativité, à la mécanique quantique, et aux trous de noirs, par l'explication d'un trou de ver, L'utilisation d'un trou de ver permettrait le voyage d'un point de l'espace à un autre (déplacement dans l'espace), le voyage d'un point à l'autre du temps (déplacement dans le temps) et le voyage d'un point de l'espace-temps à un autre (déplacement à travers l'espace et en même temps à travers le temps). A travers ce trou de ver apparût il y a 48 ans, dans un contexte d'une planète Terre au bord de l'agonie (poussière meutrière, perte des valeurs sociales etc..), qui se trouve en orbite autour de Saturne. Une navette spatiale part dans l'espace avec pour mission de retrouver les explorateurs de la mission Lazare, une série de capsules habitées envoyées à travers le trou de ver pour étudier une douzaine de planètes potentiellement colonisables. La mission Lazare a renvoyé des données depuis trois planètes intéressantes : celles explorées par les astronautes Miller, Edmund et Mann. Deux scénarios de colonisation seraient alors mis en œuvre : une évacuation générale de la Terre, qui est l'objectif recherché, ou, en cas d'échec, une colonisation s'appuyant sur le développement in vitro d'embryons humains congelés. Ce second plan ne sauverait pas la population de la Terre, mais offrirait une seconde chance à l'espèce humaine.
Force est d'admettre que Nolan va chercher à nous fournir une explication (rationnelle ou non) à ces phénomènes scientifiques qui se produisent dans l'espace. C'est peut être un peu le soucis du film d'ailleurs, excepté si nous sommes calés sur la théorie des cordes, et toute l'implication qui relève des interprétations du phénomène de trou de ver, Nolan passe trop de temps à nous expliquer via le docteur Amélia Brand (Anne Hathaway) toutes ces théories, qui au final, vont plus faire décrocher le spectateur que comprendre réellement, le but initial.
Qu'en est il de l'exploration de ces mondes ?? Eh bien, je dois avouer que la photographie est superbe, et à travers le trou de ver traversés par nos héros, que ce soit la planète Mills (avec de magnifiques effets spéciaux de gigantesques vagues) ou la planète Mann (Planète de glace, hostile et arride à l'épanouissement humain), Les plans de Gargantua (le trou noir) entouré d'une courronne gravitationnelle sont très réussi, et nous avons vraiment une impression de vide et de chaos. La planète Saturne est magnifiquement représenté. Seulement voilà, les plans de la fusée spatiale et du vaisseau "l'Endurance" volant à travers l'espace sont trop accroché, aux bords du vaisseau, ce qui donne une sensation de frustration, car à l'instar de Gravity (esthétiquement magnifique mais avec un scénario creux), ici nous n'apercevons pas énormement de choses de cet espace.
Après, j'ai trouvé quelques scènes réellement peu crédibles et mal faîtes (notamment la scène d'arrimage manuel du docteur Mann du vaisseau rangers à l'Endurance, on dirait du carton qui tente de s'imbriquer, pour le coup je trouve que ça fait très réalisation amatrice).
.Mais passons ces détails.
La prestation des acteurs : si Michael Caine est comme d'habitude parfait, et qu''Anne Hathaway est convaincante, j'ai trouvé l'acteur principal qui joue le rôle de Cooper, ce père de famille cultivateur et veuf, très fade. En effet, Matthew Mcconaughey nous interprête, comme souvent, une prestation plutôt fade, creuse, sans réel expression faciale qui se démarque. La scène où il pleure
car 23 ans se sont écoulés et qu'il voit que ses enfants ont grandi, lui laissant des messages alors que lui était coincé sur la planète Mills, avec une relativité du temps où 1heure équivaut à 7 ans
, sonne faux, on voit bien qu'il surjoue complètement. Il ne paraît pas crédible, et à l'instar de films récents comme Mud, où sa prestation s'était amélioré, il redevient l'acteur de marbre que l'on connaît. Ceci handicape beaucoup le film, car du coup, il est difficile de ressentir de l'empathie pour Cooper.
Jessica Chastain est loin d'interpreter son rôle avec brio, on sent qu'elle est mal dirigée et c'est dommage, car la petite Murphy (fille de Cooper) interprété par Mackenzie Coy, est plus convaincante, que son alter égo adulte. Cette gamine a un fort potentiel tant au niveau de son interprétation que son rôle primordial dans le film. Malheureusement, Chastain ne nous retransmet par cette force complice et unique entre la petite Murphy et son père Cooper.
D'autres acteurs sont aussi représentés dans Interstellar mais pas assez développé à mon sens, Wes Bentley, Topher Grace, et même l'excellent Casey Affleck
(représentant Tom le fils à Cooper ayant grandi)
, ont un impact mineur sur le film.
Esthétiquement, les robots qui suivent l'expédition de Cooper sont étrangement fait, mais ils font surtout référence au monolithe de 2001 l'odyssée de l'espace. Je pense que c'est un petit clin d'oeil volontaire de Nolan, et c'est bien assumé de sa part.
Là, est d'ailleurs tout le problème, les gens voudraient absolument le comparer à 2001 l'odyssée de l'espace, ou à Solaris, mais ce film a sa propre identité. Il faut arrêter de toujours vouloir mystifier 2001 l'odyssée de l'espace, comme si tout film de Science Fiction parlant du voyage interstellaire, et de l'évolution de l'humanité selon Darwin, devait forcément être comparé à 2001 l'odyssée de l'espace de Kubrick.
Pour moi, le film de Nolan "Interstellar" a au moins le mérite d'assumer, malgré la lourdeur de ses explications scientifiques comme justification sa propre voie sur la théorie de la relativité et l'évolutio humaine. C'est beaucoup plus simple et accessible.
Il est intéressant de remarquer que Nolan, a voulu montrer toute la perfidie de la nature humaine, pensant d'abord à sa propre survie
avant la recolonisation d'être du futurs, pouvant ranimer sur une autre planète la vie.
. En ce sens, il est impossible de ne pas tomber dans du manichéisme volontaire et même prévisible de certains personnages
(Le docteur Brand senior (Michael Mann) mégalo cupide, prêt à sacrifier l'existence humaine, et le docteur Mann, jouant les bons samaritains pour révéler sa véritable nature égoïste, prêt à tout pour retourner sur terre, quitte à abandonner Brand et Cooper).
. De plus, il est impossible de ne pas voir de manichéisme aussi entre Tom et Murphy dont la rivalité et la façon d'aborder les choses, diffèrent totalement, Tom, considérant que son père l'a abandonné, et qu'il préférait Murphy (plus intuitive) que lui, plutôt terre à terre.
En ce sens, il est intéressant de voir la symbolique pour Cooper de Tom et Murhpy, puisqu'il finit par être aspiré par le trou noir, laissant une chance à Brand de coloniser la planère Elmuth, il est représenté comme une force supérieure,
(qui par la théorie des cordes, via le técérath va se retrouver dans un lieu où la gravité n'a plus lieu, dans un monde en 5 dimensions, dont il pourra diriger les actions présent, passé, futur, et agir sur le continum espace temps pour le modifier). Il est représenté tel le Messie, un être supérieur tel un Dieu qui par ses actions, dans la bibliothèque de Murphy, définirait l'avenir de l'humanité. En ce sens, il serait possible de comparer Tom et Murph à Caïn et Abel. Tom ne tuera pas sa soeur comme Caïn l'a fait dans la mythologie, mais il est envieux et jaloux de la complicité de sa soeur avec son père. Tom représenterait l'image nihiliste du Cooper du début du film, blasé et n'ayant plus foi en l'humanité, et d'ailleurs cultivateur (comme Caïn), et Murph serait la représentation d'un Cooper qui par less paradoxes temporelles, et les décallages du temps avec les trous de ver, a appris à avoir foi, dans le jugement et la subtilité de compréhension de sa fille. Il pense à l'avenir de l'humanité.
.
Les facilités scénaristiques sont aussi malheureusement présent,
notamment le "fantôme" de Murphy dont on devine rapidement ce qu'il en est à mesure que le film avance, tout comme la préparation pour le décollage de la fusée. Cela est fait vite, le décompte se faisant sur un fondu enchainé de Cooper qui quitte ses enfants pour aller remplir sa mission dans l'espace
. Peut être que Nolan n'a pas jugé nécessaire de nous montrer la préparation, mais cela est malgré tout une facilité scénaristique, Tout comme le retour de Cooper et d'Amelia auprès de Romilly, le 3ème explorateur spatiale.
Celui ci en leur absence sur Mills les a attendu 23 ans, et pourtant on dirait que tout est normal, comme si de rien n'était, alors que rester 23 ans seul dans l'espace rend complètement fou, comme l'est devenu le Docteur Mann sur la planète de glace, mention à un Matt Damon qu'on attendait absolument pas mais qui se révèle jouer juste.
Enfin, la scène de Cooper dans le trou noir est plus subtil qu'il n'y paraît à mon sens.
Ayant pénétré dans le trou noir, il se retrouve à l'intérieur d'une structure virtuelle, un Tesseract (cube à quatre dimensions) qui lui permet d'entrer en contact avec sa fille à travers l'espace-temps, à plusieurs moments en même temps, et de lui transmettre des données quantiques à l'aide de TARS le robot. Tandis que le robot prononce la phase ambigüe « Les êtres du Bulk ferment le Tesseract », Cooper imagine que ce sont les humains du futur qui l'on emmené là, qui ont placé le trou de ver près de Saturne, dans le but de sauver l'humanité. Seulement un trou noir a un champ gravitationnel tel qu’il attire tout ce qui passe à sa portée, y compris la lumière, et empêche toute forme de matière de s'en échapper, ce qui implique la relativité générale. Cooper comprend qu'il maîtrise un univers à 5 dimensions, que des forces supérieurs (hommes du futur ??) lui permettent de communiquer avec sa fille en langage morse, en poussant les livres de sa bibliothèque, afin qu'elle comprenne que le "fantôme" c'est lui même. Murphy ayant compris avec le morse des aiguilles de la montre dont Cooper actionne le mécanisme, via la distorsion du temps, résout l'équation de feu le docteur Brand, et permet de sauver l'humanité en l'envoyant dans l'espace via des capsules aménagées. Cooper se réveille, il a 124 ans, et va voir sa fille de presque 100 ans vieille et sur le point de mourrir. Cela résume, la notion selon Nolan que l'Amour est plus fort que le temps et l'espace, et qu'il résout les solutions, un amour inconditionnelle père - fille. Mais réfléchissons un peu, Cela aurait il vraiment un sens de trouver la facilité scénaristique de l'amour comme prétexte à sauver l'humanité, qui recolonisera une planète, donc faire une boucle du temps, puisque l'homme ne prend jamais conscience de ses erreurs. Personnellement, je ne pense pas que cette interprétation soit la bonne, Nolan avec Inception a su nous faire douter avec le coup de la toupie à la fin, et là il en est de même, trop d'évidence tue l'évidence. Selon moi, vu que Cooper se sacrifie, et rentre dans le trou noir, il devrait être anéanti, détruit et coincé par la masse gravitationnelle. Ne serait ce pas plus judicieux, de penser qu'il est en train de vivre une NDE, une expérience de Mort imminente, le poussant à voir dans ses derniers retranchements ses enfants, et surtout Murphy, et imaginant lui apporter la solution pour que tout redevienne possible, quant à résoudre l'équation qui leur permettrait de quitter la terre via la NASA ?? N'oublions pas ce que le docteur Mann dit à Cooper lorsqu'il essaye de tuer ce dernier pour s'enfuir. Il a cru mourrir pas mal de fois, et dans un soubresot juste avant la mort, le cerveau se surpasse pour suivre une intuition, et lui faire voir un fragment de seconde ce qu'il chérit le plus, en l'occurence Murphy
. Pour ma part, c'est bien une fin ouverte que Nolan nous apporte ici,
car tout ce qui se passe sur la station de sauvetage sonne faux et n'as pas vraiment de sens
. Libre à chacun d'interpêter sa vision du film, mais je trouve ça brillant de la part de Nolan. Ainsi, il est intéressant de constater que Nolan s'est vraiment penché sur le sujet, en effet, il est dit dans la philosophie du voyage dans le temps, que "Les incidents sont incroyablement rares lorsque le tissu de la quatrième dimension est corrompu. Si un univers tangant se produit, il sera hautement instable, ne soutenant la vie que pour une poignée de semaines. Eventuellement elle s'effondrera sur elle-même, formant un trou noir au sein de l'univers primaire, capable de détruire toute existence". Ceci est clairement ce qui s'est passé avec la création du trou de ver. Enfin, ma théorie sur Cooper dans le trou noir sappuie sur cette phrase "Le Mort Manipulé plaçera un Piège d'Assurance, le Récepteur Vivant devant à tout prix assurer le destin de l'humanité".
En résumé, un très bon film de Science Fiction, que Nolan nous a réalisé ici, malgré quelques incohérences, et des thématiques trop poussées, compliquées, avec une volonté de justification qui relativise tout. Un film très ambitieux, beau, une odysée magistrale dans l'espace, et le temps, avec une superbe photographie. Malgré tout, il manque ce petit degré d'inventivité personnel que Nolan avait su trouver via Inception, et on pourra déplorer les nombreuses références auxquelles Interstellar fait allusion dans sa structure narrative. Donc ce n'est pas encore un chef d'oeuvre.