Si je mets quatre étoiles, c'est parce que ce film m'a paru touchant à plus d'un titre. En premier lieu, il explore un univers peu ou mal connu : celui de l'adolescence. Fort heureusement, ces "pieuvres" s'éloignent des clichés, des blagues faciles, et de la niaiserie. Ici, les sentiments sont forts, les personnages féminins attachants et fort bien dessinés. Je dis "féminins" car les garçons, trop simples, ne servent ici que de faire-valoir. Imaginez une déesse, chef d'équipe de natation synchronisée, à peine pubère, déjà si belle, qui passe pour une catin (puisqu'elle est si gracieuse) alors qu'elle est encore vierge. Prenez ensuite une grande perche toute timide, pas totalement finie physiquement, mal dans ses baskets et passionnée, irrémédiablement attirée par la première. Ajoutez une belle pomme, un peu ronde, si craquante, encore voleuse sur les bords, si avide de satisfaire ses premières pulsions. Vous obtiendrez alors le tiercé gagnant de Céline Sciamma, trio perdu, trio qui se cherche et ne se trouve jamais vraiment. Car tout est là : les trois grâces cherchent à se "débarrasser" de leur hymen, à assumer (ou pas) leur homosexualité naissante et troublante, à goûter (ou pas) aux premières fois.
Film des premiers émois sexuels, de la quête d'identité, de la jalousie et de cet (ô combien cruel) capital physique dont la nature nous a dotés, "Naissance des pieuvres" est un film qui sonne juste et qui frappe fort. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître. Vivement le second.