Sous des allures de mélo-mielleux à l'américaine, "Nos souvenirs brûlés" creuse vers une véritable profondeur. La bande-annonce était mal fichue, et la photographie du film peut laisser croire qu'il s'agit d'une énième romance bavarde et mièvre sur la perte d'un être cher. Mais ici, Susanne Bier (que l'on connaît bien pour son tact - "Open hearts", "Brothers") touche le point juste, avec pudeur et délicatesse, délivrant une belle texture émotionnelle et un traîtement plus qu'honorable. Faisant le parallèle, face à la mort d'un père, entre la vie de famille qui se dérègle et le monde de la drogue (développé à travers le personnage de Jerry, un junkie qui profite de cette occasion pour se réparer lui aussi), la réalisatrice danoise tisse une oeuvre pas aussi silencieuse que le schéma 'film d'auteur sur sujet grave' pourrait le laisser croire, mais pas trop bavard non plus. Grâce à des dialogues à la plume savoureusement mûre, une mise en scène consistante et personnelle et un vrai sens de l'émotion, "Nos souvenirs brûlés" s'impose comme une belle ôde à la vie, à la reconstruction. Si le film est un peu alourdit à cause de procédés répétitifs (les chemins empruntés sont souvent les même, la symbolique des liquides est trop présente, les demi-plans de visage aussi), et qu'il cède parfois à un certain manichéisme dans la description de deux univers opposés (l'un est en apparence parfaitement cadré, l'autre laisse aller des êtres à la dérive), la cinéaste prend le soin de ne jamais juger ses personnages, et d'en faire des sortes de héros passables de la vie courante. Sur la même corde, pensant les mêmes blessures, chacun dans une situation délicate (la femme doit préserver l'amour donné à ses enfants, gérer le foyer familial réduit, tandis que l'autre doit renoncer aux seringues et apprendre à vivre autonome via la présence de la femme), s'entraidant face à la mort, l'un compensant l'autre, une amitié nouvelle, ou l'amour peut-être, se féconde. Il y a un schéma purement c