A la base, Isabelle Doval souhaitait faire un film sur le destin. "J'ai toujours su que José, fils d'immigré espagnols, né en France et entouré de copains français, avait une double culture, raconte la réalisatrice. A une époque, ses parents avaient dans l'idée de repartir en Espagne. S'ils l'avaient fait, José, alors encouragé par ses amis dans la voix du théâtre, ne serait certainement pas devenu comédien. Finalement avec Olivier Dague, le coscénariste du film, on a préféré raconter la réaction de deux enfants, Maxime et Esteban, meilleurs amis du monde, menacés d'être séparés par le retour dans son pays de l'un d'eux. Cette nouvelle est une déchirure pour Maxime qui n'a pas connu son père et qui vit seul avec une mère distante. Son coeur est en puzzle, car en perdant son ami qu'il aime comme un frère, il perd aussi une famille d'adoption !"
Pour ce film, Isabelle Doval s'est beaucoup inspirée de ses proches. "J'adore les gens, explique-t-elle. Essayer de les comprendre, découvrir leur univers... L'humain me passionne. Et puis je me suis aperçue qu'on choisissait toujours ses amis par rapport à soi. Une amitié se crée sur des goûts communs, des plaisirs partagés. Aujourd'hui, j'ai aussi des amis très différents de moi. Leurs dissemblances me fascinent. C'est par rapport à eux que je construis ces personnages, pas par rapport à moi - ce qui, le cas échéant, ne serait pas très intéressant."
La directrice de casting qui a trouvé les deux jeunes comédiens s'appelle Valérie Espagne. Cela ne s'invente pas.
Isabelle Doval raconte comment elle en est venue à choisir Martin Jobert et Jean Senejoux pour le rôle des enfants : "Martin Jobert (Esteban) a 12 ans, Jean Senejoux (Maxime) en a 13. Ils m'ont plu tout de suite. De tous (et il y en a eu beaucoup), Martin est le premier que j'ai rencontré. Plus tard, j'ai vu Jean. La puissance dramatique de cet enfant ! Et sa façon de parler ! Chacun a sa personnalité. Je ne les ai pas choisis au hasard : Jean intériorise tout, Martin est une boule d'énergie, le soleil du film, la paella ! Les deux sont des bosseurs. Ils connaissent le milieu du cinéma, dans lequel ils baignent depuis longtemps. Je ne voulais pas de casting sauvage. J'avais peur de me retrouver avec deux gamins durs à canaliser. Je voulais deux enfants habitués aux codes d'un plateau de tournage, et en même temps avec une forte personnalité. Et puis ils devaient être capables d'aggraver leur voix. Qu'ils soient capable de moduler leur timbre, le rendre parfois un peu crapule, qu'ils n'aillent pas dans les aigus, genre premiers de la classe, comme la plupart des jeunes comédiens font quand on leur demande de jouer."
A propos d'Anne Brochet, Isabelle Doval déclare : "Elle maîtrise la rupture de jeu : être dans l'émotion, et dans la minute d'après, dans la comédie. Anne a ce talent. Elle est consistante, me pige dans la seconde. En quelques mots, elle comprenait exactement ce que j'attendais d'elle. Et je crois lui avoir donné ce qu'elle attendait de moi."
La danse a été le métier d'Isabelle Doval pendant dix ans. De ce fait, elle a participé aux chorégraphies d'Un château en Espagne avec Caroline Roelands, une amie danseuse qui a interprété le rôle principal du Violon sur le toit au théâtre Mogador. Très bonne chanteuse, celle-ci a également coaché Martin Jobert pour sa chanson a capella. "La danse sera toujours une passion, confie la réalisatrice. Je rêve de réaliser une comédie musicale. Je garde de cet art un sens mélodique et rythmique qui m'aide de l'écriture au montage. Ainsi, j'adore osciller entre les moments de silence, sur certaines scènes où, contre toute attente, je n'appose pas de musique, et les scènes plus rythmées."
Le tournage s'est déroulé du 8 août au 12 octobre 2006. Pour les décors, Isabelle Doval s'en est remise à Olivier Raoux, qui avait notamment conçu ceux de La Môme et des Dalton. "Chez Emma, confie la cinéaste, on devait sentir, par les objets de son appartement, qu'elle a voyagé à une époque de sa vie. On comprend qu'elle s'est embourgeoisée, qu'elle a acheté cet appartement qu'elle a entièrement relooké. Alors qu'en face, c'est un appartement où on ne fait que passer, même pendant des années, mais dont on sait qu'on partira un jour. Je voulais que tout cela se déroule dans un quartier aisé et populaire à la fois. A l'image de leur condition sociale. Au demeurant, cela n'a pas été simple. On a tourné les intérieurs rue Messine, dans un bâtiment art déco, anciennement hôtel des impôts." Pour les extérieurs, Isabelle Doval préféra un immeuble avenue de Villiers, dans le 17ème arrondissement de Paris, avec une façade également art déco, mais plus douce. La cour intérieure se situait, elle, dans un autre immeuble.