« J’aurais pas dû venir, je m’engourrais qu’on allait encore évoquer des tristesses. Ben la lanterne, d’accord, je l’ai donnée à Lucette, enfin je m’excuse, Monsieur le Président, je veux dire à Madame la Baronne, et ça, je le regrette pas parce que personne la méritait plus qu’elle. Mais vous décrire les circonstances, Monsieur le Président, ça c’est revivre tout le calvaire. »
Un Grand Seigneur-Les Bons Vivants est film à sketch en forme de passage de témoin entre deux réalisateurs grâce à un scénariste-dialoguiste : Audiard retrouve en effet Gilles Grangier (15 collaborations, de 1954, Poisson d’Avril, à 1969, Sous le Signe du Taureau) et Georges Lautner (14 collaborations, de 1963, Les Tontons Flingueurs, à 1985, La Cage aux Folles 3). Co-scénariste, Albert Simonin a également participé à 4 films avec Lautner (et Audiard) et 5 avec Grangier (y compris un téléfilm en co-réalisation) dont deux avec Audiard. Autant dire que les quatre hommes se connaissent bien. Au casting, d’ailleurs, on retrouve Bernard Blier, Jean Lefèbvre, Micheline Luccioni, Mireille Darc, Jacques Marin, Catherine Samie, Jean Carmet, Darry Cowl, Franck Villard, Andréa Parisy, Pierre Bertin, Louis de Funès, Albert Rémy, tou·tes habitué·es ou déjà vu·es dans d’autres œuvres de l’un ou l’autre du quatuor. S’y ajoutent d’autres interprètes connu·es comme Jean Richard ou Bernadette Laffont.
Les trois histoires réunies dans ce film tournent autour de certains personnages récurrents, que l’on découvre au début, lors de la fermeture des maisons closes. La lanterne qui annonçait la présence de ce type d’établissement sert alors de MacGuffin et permet de découvrir de nouveaux personnages truculents dans des dialogues enlevés et des situations cocasses.
L’ensemble est résolument drôle, magnifiquement interprété, réalisé par deux grands réalisateurs, un ancien et un plus moderne et ficelé par un duo qui sut faire parler le génie populaire, ici dans un thème grivois, certes, mais sans jamais aucune grivoiserie.