Elia Kazan nous livre l'un de ses films les plus personnels avec "L'arrangement" en adaptant l'un de ses propres livres. Il nous raconte l'histoire de cet homme qui a tout pour lui, une femme aimante qui lui pardonne tout, il est riche, à une grosse maison, une belle voiture, une réussite professionnelle puis après une tentative de suicide échoué (il a hésité) il va explorer son passé et notamment une femme qu'il avait jadis aimé, rejeter son présent et surtout se questionner, se remettre en question et s'en poser autour de ses amis, sa famille et bien évidemment son père, son épouse, le sens de la vie... Le scénario de Kazan étudie et brasse tous ses thèmes avec intelligence et justesse, notamment sur les fantômes passé, la place du père (décidément imposante dans la filmographie de Kazan) ou encore le trouble psychologique posant en même temps des questions sur le matérialisme et même l'industrie. C'est un scénario qui évite toutes les caricatures ou clichés auxquels ce genre peut être facilement confronté. La narration oscillant entre passé, présent et rêve est parfaite, l’atmosphère mystérieuse, parfois sombre est captivante et surtout fascinante. Les personnages sont très bien écrit et notamment le principal auquel on s'attache sans aucune difficulté et par qui l'on ressent toutes ses émotions et qui rendre encore le film plus fort et poignant. Kazan rajoute quelques touches lyriques à son récit et notamment dans la première partie et l'apport de la musique n'est pas négligeable, que ce soit en elle-même ou son utilisation. Comme souvent sa direction d'acteurs est extraordinaire, Brando, Clift, Beatty ou encore Natalie Wood en ont profité avant, De Niro après, c'est au tour de Faye Dunaway, Deborah Kerr et surtout Kirk Douglas de briller. Ce dernier livre une composition d'une justesse et d'une force incroyable. Loin d’être l’œuvre la plus connue de Elia Kazan, c'est pourtant l'une de ses plus réussie, une œuvre poignante, dont on ne ressort pas totalement indemne et qui fait réfléchir.