Adaptation du mythe de la créature de Frankenstein par Kenneth Branagh, ce métrage est bien plus proche du roman de Mary Shelley, comme son nom le laissait suggérer, que du chef d’œuvre de 1931 signé James Whale.
Sur le sujet général donc, cette adaptation ne tient pas la comparaison avec son illustre aîné. Heureusement, il en est sensiblement éloigné, et offre une vision nouvelle et très personnelle du mythe.
Il est porté par des acteurs talentueux, notamment Robert de Niro dans le rôle de la créature qui parvient avec finesse à nous faire ressentir à la fois dégoût et pitié pour son personnage. Face à lui, Kenneth Branagh est convaincant, mais sans crever l’écran.
Frankenstein adopte un coté assez surréaliste, créant un rythme endiablé et captivant, porté par des dialogues très théâtraux voire psychédéliques, comme la confrontation entre Victor et un professeur de médecine sur l’évolution de celle-ci, le tout décuplé par un décor plongeant.
Les décors eux aussi apportent une touche agréable à l’œuvre, comme le château des Frankenstein, très réaliste d’extérieur, mais composé d'une grande salle vide et d’un immense escalier.
Le début du film met en scène Victor, homme comblé cherchant désespérément à repousser les limites de la science, perdant peu à peu pied avec la réalité, le cinéaste nous plongeant ainsi dans cette folie progressive.
La suite du film s’avère ensuite plus réaliste, mais aussi plus centrée sur la créature, dont la scène avec la famille dans les bois est très émouvante, le spectateur regardant avec douceur la pauvre créature, d’un pathétisme touchant.
Porté par un maquillage sciant à merveille au monstre, l’histoire fait mouche, tant on comprend ce besoin de vengeance de la création de Frankenstein, dont les conséquences de ses actes finissent par lui retomber dessus, destin tragique dont la créature est la personnification de ce destin implacable.
Le final est grandiose, porté comme tout le film par une grande musique, la triste tentative du docteur de recréer sa dulcinée étant vaine, comme au final toute sa vie, mais quand il s’éteint, et avec lui son « enfant » il parvient à empêcher un autre de refaire son erreur.
Poétique, et d’une force admirable, Branagh livre ici une œuvre personnelle, avec un style certes très caractéristique et inhabituel, mais pourtant fort appréciable.