Sans doute inspiré par le succès du « Dracula » de Coppola, Kenneth Branagh s’attèle à une nouvelle adaptation de « Frankenstein ». Tout comme son comparse aux longues canines, il est difficile de faire preuve d’originalité, le célèbre savant fou ayant été porté à l’écran des dizaines de fois. Branagh adopte donc la méthode de Coppola pour se démarquer : une nouvelle vision, plus proche du roman d’origine, et baroque à souhait. Car le réalisateur a visiblement conçu son film comme une sorte d’opéra grandiloquent. Qu’il s’agisse de montagnes enneigées, de laboratoires organiques, ou d’intérieurs grandioses, les décors en jettent. Mais surtout, le récit carbure à 100 à l’heure, prenant rarement le temps de la pose. La caméra tournoie souvent autour de personnages qui hurlent, s’énervent, s’esclaffent, ou exultent, dans une intrigue très elliptique qui a beaucoup de choses à raconter en 2 heures. On aurait pu sombrer dans le navet pompeux, mais heureusement il n’en est rien. Car visuellement, le film a sa personnalité, et propose des choses intéressantes. Dont le design de la créature, agréablement très éloigné de celui du classique de 1931 que tout le monde a en tête. D’autre part, les thématiques sont riches, entre les excès de ceux qui pêchent par ambition (car c’est davantage l’ambition démesurée et l’égo que les dérives de la science qui sont critiquées ici), et la psychologie de la créature. Incarnée par un étonnant Robert De Niro (!), celle-ci est présentée comme un être confus, qui, sans accompagnement dans un monde cruel, en expérimente et en retient souvent le pire. Kenneth Branagh n’est pas en reste, aussi flamboyant et frénétique derrière que devant la caméra. Dans un film d’époque académique, on aurait frisé le ridicule. Mais pour incarner le Dr. Frankenstein dans un film résolument baroque, ce choix est finalement assez pertinent !