Avec « Antoine et Antoinette » et « Rue de l’estrapade », Jacques Becker fut comparé à Howard Hawks dans le registre des comédies. Si le premier peut faire illusion, il n’en est rien dans ce film réalisé juste après « Casque d’or », en 1953. D’abord, au niveau de l’interprétation. Anne Vernon remplaçant l’abattage dont elle faisait preuve dans « Antoine et Antoinette » par des mimiques répétitives et plutôt niaises. Si face à elle Daniel Gélin est plutôt convaincant (même si plusieurs scènes ne fonctionnent pas), Louis Jourdan, une fois de plus, montre à quel point il fut une imposture, si bien que la fin, digne des pires numéros de « Nous Deux », sombre dans le ridicule. Heureusement, les rôles secondaires sont excellents, de Micheline Dax, l’amie qui vous veut du « bien », à Pâquerette, l’impayable bonne, en passant par le sombre Jean Servais. Ce sont leurs personnages qui permettent de sauver une intrigue centrale qui manque à la fois d’élégance et d’analyse sociétale. Ainsi l’univers des courses automobiles, de par sa superficialité, annonce déjà le cinéma inconséquent de Claude Lelouch. Même le monde de la mode, que le réalisateur connaît bien, est à peine effleuré. Plutôt une déception, même si cela se laisse voir.