La chance du débutant ? Le premier long-métrage de Stephen Daldry suscite énormément d’attention, car sa partition touche à l’échelle universelle. L’art fait face au calcul et à la routine de la classe ouvrière. Cela empêche les gens de s’exprimer et d’éveiller leur créativité, cependant, les tensions de l’époque sont justifiées, malgré un dénouement tragique pour ces personnes qui campent sur leur mécontentement. Au milieu de la horde, un jeune garçon reçoit une éducation compliquée, mais qui lui laissera néanmoins un libre-arbitre concernant ses passions, ce malgré les enjeux qui impactent ses décisions, aussi bien pour ses proches que pour son environnement.
En pleine grève des mineurs dans le Nord-est de l’Angleterre, la Dame de Fer a laissé des cicatrices dans de nombreuses familles qui vivaient aux dépens du charbon, ressource devenue peu rentable pour le pays. L’hostilité est alors montrée avec subtilité, jusqu’au plan des plus impressionnants, où un mur de policier compose presque tout l’écran, pendant que les enfants traversent inconsciemment les routes. Cette toile de fond est importante dans la construction du personnage Billy Elliot (Jamie Bell), qui rompt avec la communauté des grévistes, et même avec sa famille, qui ne lui accorde pas l’attention qu’il mérite. Son père (Gary Lewis) incarne l’acharnement des mineurs, mais ne manquera pas d’être nuancé dans les moments pivots de l’intrigue. La relation père-fils est tout de même abordé avec rigueur, sachant l’absence d’un soutien maternel. Cela pèse beaucoup sur la conscience d’un enfant qui grandit et apprend à surmonter les méandres de la vie. De plus, son frère Tony (Jamie Draven) ne montre pas forcément le bon exemple. Il est à l’opposition du cadet et préfère sauvegarder l’intégrité de la famille, au lieu de penser comme un égoïste, tel Billy dont on préférera plutôt parler de force de proposition.
La vitalité du garçon va de pair avec ses prouesses sur scène. Il abandonne rapidement les gants de boxe, métaphore de la violence qui pèse autour de sa vie, pour la danse. L’esthétique et la majestuosité de l’art l’intrigue et questionne sur le jugement de genre. Chacun serait-il affilié à une tâche prédéfinie ? Absolument pas. Le sur-mesure s’estime au nom de soi, mais cela ne peut fonctionner qu’avec l’approbation sentimentale des proches qui encourage dans le sens du fantasme. Madame Wilkinson (Julie Walters) est cette première fidèle à soulever Billy vers la révélation. Il ne reste plus que la délivrance à acquérir, ce qui sera longuement débattu lors d’un récit riche en sincérité et d’émotions. Le glam-rock anglais captivera le temps de prestations honorables, car le rythme balaie peu à peu le désespoir qui traîne à ses pattes, fines, lourdes et justes.
« Billy Elliot » est à l’image de nombreux enfants, dont la surdité des parents quant à leurs aspirations a entraîné une régression de classes sociales. Pourtant, il existe de l’espoir, l’optimisme de voir un jour un avenir plus glorieux pour cet enfant qui doit pouvoir mettre à profit ses dons, au détriment des prédispositions qui l’empêche de s’épanouir. Il y a plusieurs niveaux de lecture pour ce récit qui mêle bien des enjeux sociétaux, qui traite avant tout de l’individu. L’éventail d’âge nous permettra de nous identifier et de prendre du recul sur la situation et de peser le pour du contre et le pourquoi du comment il est essentiel d’avoir une vision globale pour avancer ensemble. Enfin, « Le Lac des Cygnes » de Piotr Ilitch Tchaïkovski sera présente pour sonner la charge dans ce chaos, là où les pas de Billy auront un message à faire passer et là où ses traces changeront à jamais la vie de sa famille qui se redécouvre.