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il_Ricordo
105 abonnés
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4,0
Publiée le 6 juin 2012
Ce film plutôt oublié du duo Michael Powell & Emeric Pressburger est pourtant l'un de ceux qui bénéficient d'une très belle photographie : les soleils couchants teintés de sang, la brume matinale qui se promène dans les forêts... Toute l'atmosphère du film présage une fin tragique, et l'on est pas surpris de sa triste conclusion, ayant été préparé dès le début : l'histoire est construite comme un cycle de la mort et de la vie : une première fois et en introduction, Hazel échappe de peu à une meute de chiens de chasse, qui poursuivait sa petite renarde. Elle se réfugie chez son père, fabriquant de cercueils : nouvelle allusion à la mort. Quelque temps après, elle rencontre accidentellement le propriétaire de la meute, qui est autre que le châtelain. Ce châtelain paraît trouver la jeune fille fort à son goût. On comprend à ce moment que la "renarde" n'est autre que la sauvageonne Hazel, qui se fait chasser par l'homme, à savoir le puissant châtelain. Si elle est trahie dans ses amours, et conjugal, et adultère, elle doit surtout cette trahison à son caractère : on ne peut apprivoiser un renard sauvage. Sa mort - qui ne sera pas une surprise - est prévue dès le début du film et arrive inéluctablement à l'issue de la chasse, dans cette lande baignée des chaudes lumières d'un soir d'automne.
Peu crédible risible une oeuvre de l'ancien temps au synopsis des plus absurdes n'ayant que guère sa place parmi la production actuelle; d'autre part la meute laisse trés aisément tomber ses proies et puis sue un peu beaucoup, pour une troupe -certes à part.
Hazel est une jeune sauvageonne, vivant dans la campagne anglaise à la fin du 19ème siècle. Elle fera tourner les têtes de deux hommes locaux, un aristocrate lubrique qui veut surtout son corps, et un révérend affable qui veut surtout son âme. « Gone to Earth » a l’originalité de se dérouler quasi intégralement dans la campagne, avec de nombreuses prises de vues en extérieur. Chose relativement rare à l’époque, où les intérieurs en studios prenaient vite le pas. Toutefois, le film est visuellement beaucoup moins marquant que d’autres œuvres du tandem Powell / Pressburger. Quant à Jennifer Jones, elle s’implique à fond en femme à moitié sauvage entichée d’un renard, et dont les manières et l’accent abrupt cachent une vrai sensibilité. Mais, le fait que ses sentiments pour les deux hommes virent brutalement au gré du scénario, la rend peu attachante. De même, il en faut peu pour que nos deux séducteurs soient fous amoureux d’une jeune femme qu’ils ont à peine entrevus ! On relèvera tout de même une topique religieuse intéressante, les deux figures masculines renvoyant respectivement à une entité divine, et à une représentation de Satan. A ce niveau, une scène voit même le personnage de David Farrar, portant des moustaches sournoises, évoluer dans des couleurs rougeoyantes avec des flammes au premier plan ! « Gone to Earth » n’est donc pas inintéressant, mais ne se situe clairement pas dans le haut du panier de la filmographie du tandem.
L’une des plus grande réussite plastique du tandem Powell/Pressburger avec peut être « Le narcisse noir », une photographie et un technicolor flamboyant qui mettent constamment en valeurs les sentiments des personnages et la beauté de la nature. C’est aussi l’un des plus beau rôle de Jennifer Jones, en demi sauvageonne, apprentie sorcière qui fait tourner le tête des hommes, elle retrouve ici un personnages comparable à de celui de « Duel au soleil » animé de pulsions et de sentiments contrastés. Une œuvre pastorale splendide.