N'y allons pas par quatre chemins : "La possibilité d'une île" est le plus mauvais film qu'il ait été donné de voir depuis au moins cinq ans. Benoît Magimel (qui, après "Inju", confirme sa médiocrité), doté d'une coiffure blonde tecktonik, se la joue moues boudeuses et lèvres collées. En voix off, il récite l'abstraction du texte qu'il lui est infligé de lire, sans détacher une phrase de l'autre. "La possibilité d'une île" est le bide le plus total que peut donner l'intellectualisme, cette vaste donnée de vide où il est permis de piocher des fragments de n'importe quoi. Secte, religion, dévastation, recivilisation, on ne comprends strictement rien à ce que veut dire Houellebecq qui, et c'est une évidence, en sait encore moins que nous. Il n'y a pas plus confus que cette confusion vulgaire, cette ribambelle de sons et d'images hors-sujet (le Boléro de Ravel d'on ne sait où, des galeries futuristes faites avec des bâches!), qui n'aboutissent à rien d'autre qu'au néant final. Ou le film est une improvisation totale qui, à un certain moment, mène au point comique, ou son auteur-réalisateur n'a simplement rien d'autre à dire que de prouver par tous les moyens l'existence d'un être supérieur. On frôle l'indigestion de lieux communs, de dialogues en pâtée, d'acteurs au sommet de la nullité, et même la figuration, pourtant la base-même de la réussite, est la pire qu'il soit. Comme des petites saynètes de plusieurs personnages à travers les époques et les lieux, qui n'ont aucun lien mais que Houellebecq a la prétention de nous faire croire que si, que c'est simplement ça la vie. Au final, on vient carrément à se dire que Houellebecq lui-même est un sectaire pris au piège de ce qu'il dénonce(?) - le film est-il une dénociation, un contentement, un avertissement, une information? - . C'est au-delà de la force des mots que la nullité intemporelle du film fait rage en nous, c'est au-delà même de la perplexité et de l'ennui, les notions de raté deviennent presque l'exemple plein