Le quadragénaire argentin Gustavo Taretto s'est fait connaître en réalisant de nombreux court-métrages. L'un d'eux, réalisé en 2005, s'appelait déjà "Medianeras", il durait 28 minutes et il obtint de nombreux prix dans divers festivals, dont le Grand Prix dans la compétition internationale du Festival de Clermont-Ferrand, en 2006. 28 minutes pour le court-métrage, 95 pour le long métrage, le premier de Gustavo Taretto : c'est peut-être là que le bât blesse. Etant donnée la conclusion tellement prévisible de ce film, on peut la prendre en considération dans ses commentaires sans importuner les futurs spectateurs et poser la question : comment, ce qui, au bout du compte, est une comédie sentimentale et romantique, peut-elle être aussi grise, sans souffle, sans émotion, en un mot, exsangue ? Je sais bien que le cinéma argentin est rarement joyeux, mais ce sont les sujets qui, souvent, ne prêtent pas au sourire, encore moins à la rigolade ! Mais là, le réalisateur aurait pu se lâcher, au lieu de nous infliger une succession de plans fixes monotones sur l'histoire de Martin, un phobique qui se soigne, puis sur l'histoire de Mariana, une architecte contrariée, puis de nouveau sur l'histoire de Martin, etc. Si, en montrant des images de "Manhattan", Gustavo Taretto veut nous prouver qu'il aime Woody Allen, fort bien, mais il est alors bien loin de cet éventuel modèle. Si, en faisant parler en français une de ses protagonistes, il veut nous prouver qu'il aime, disons, François Truffaut ou Cédric Klapisch, fort bien, mais, là aussi, ce n'est pas gagné. Dans l'histoire, même la ville de Buenos-Aires, si vivante, si colorée et si importante pour la trame même du film, n'est pas bien mise en valeur : elle aussi est grise et sans émotion. Que de déceptions !