L'histoire d'une junkie douce shootée à l'herbe plus que de raison pendant une journée... mémorable.
Après le sinistre et ténébreux « Mysterious Skin », voici le léger drôle et planant « Smiley face », comment un même réalisateur japonais né aux USA peut passer de l'ombre à la lumière ? Il ne fait pas les scénarios tout simplement, en tout cas pour les deux derniers films, je n'ai pas vu sa trilogie d'auteur des années 90.
C'est le genre de film qui partage tout de suite une salle de cinéma. Soit les junkies et autres branleurs sont explosés de rires devant la bouille stone de la géniale Anna Farris, soit les mecs non fumeurs et sérieux dans leurs affaires sont légèrement amusés des péripéties, sans plus. Moi, j'ai la chance d'être un cérébral schizophrène, donc de très vite estimer le niveau de conscience d'une junkie qui a pris un shoot de trop sans le savoir (c'est le ressort du scénario), et j'ai été mort de rire. Peut-être pas autant que dans un Scary Movie, mais de manière ausssi intense car je ne pensais pas voir une vraie comédie. Quoique, ce n'est pas une vraie comédie.
C'est l'astuce du film, devant la liberté totale, puérile et destructrice d'une junkie douce, explose une société puritaine qui est soit ultra conservatrice et sécuritaire, soit complètement à la ramasse dans l'espoir d'un autre monde possible. Ici c'est le policier hyper soupçonneux contre le boyfriend fan de Starwars et autres SciFi de pacotille.
Entre les réactions très formatées de la moitié des protagonistes face à la junkie (propre sur elle, ce n'est pas une hippie), les passe temps particulièrement creux (collectionner le premier exemplaire du manifeste de Marx), et autres caricatures d'américains pas cool du tout, on a une critique frontale de ce qu'est devenu le pays de la liberté. C'est sans doute le point fort de cette soit disant comédie. Montrer que dans un pays qui a lancé l'amour libre des années Hair, on se retrouve soit avec des bouseux qui peuvent assassiner des voyageurs simplement parce qu'ils sont différent, soit des citadins qu'on ne peut approcher sans montrer deux cartes de crédits, un pass, un certificat, et encore, faut-il choisir son moment. Dans le pays de la peur de l'autre et de la différence, l'humour semble définitivement vaincu. Il ne reste que les Simpsons pour penser que les américains savent encore rire de leurs peurs. La scène la plus immonde étant sans doute celle du dentiste, où le boyfriend déclare qu'il aime aller chez le dentiste simplement parce que ça prouve qu'il en a les moyens ! Le genre de luxe qui nous fait réaliser le fossé entre la CMU et les assurances privées américaines. Sale pays pour mourir.
Dans ce film, Anna Faris a choisi un chemin différent, tellement timide face à tous ces gens sérieux et ennuyeux, elle plane dès 11h et se prélasse dans un lit à 990 Dollars qui est le meilleur compagnon qu'elle ait jamais eu.
Pour le reste, en dehors des gags potaches, il y en a d'autres visuels ou réthoriques qui sont extraordinaires, mon préféré mais naze, est sans doute la scène du chien, mon préféré et étonnant est celui de la camionnette au petit cochon, « I can't see the connexion », j'étais plié car je ne m'attendais pas à la simplicité du moment, et des graphismes presques enfantins, et de la débilité touchante de la junkie. Mais il y a aussi les gags qu'on sent autobiographiques. Comme la séance de démarrage de la Volvo, moteur déjà lancé évidemment. Mais bon, aucun n'arrive à la cheville du cadre photo de Garfield président, moment ultime où l'on sent poindre l'état de grâce du premier « Clercks, employés modèles ».
C'est un peu facile, mais sans vulgarité réelle, loin des standards du genre, avec une critique sociale des USA plus que méchante, et des gags super sympa, et surtout, une actrice qui semble être née pour interpréter un truc loufoque aussi bien. Espérons qu'Anna Faris atteigne d'autres réalisateurs désormais, car son non conformisme pas si « Britneyen » qu'elle en joue cache peut-être quelqu'un de pas si bête. En tout cas douée.
La fin est bien amenée également, puisqu'on s'imagine bien qu'il va essayer de finir son film par une pirouette, et on est bien attrapé.