Suite des sombres "Une affaire privée" et "Cette femme-là", "La clef" est un thriller noir et poisseux où chaque personnage prend forme au fur et à mesure que le scénario relie les péripéties. En reprenant les personnages principaux des deux premiers épisodes de sa trilogie, dont "La clef" est censé être le final, Nicloux tisse une triple enquête dans le monde de la drogue. Eric Vincent, dont le père n'est qu'un inconnu, tout au mieux un vague mystère depuis sa disparition, voit son paternel réapparaître en cendres, et soudain à ses trousses une horde de tueurs dont on se demande ce qu'ils veulent. Michèle Varin (le personnage meurtri de "Cette femme-là"), enquêteuse au coeur broyé, cherche à élucider le meurtre d'un homme aparemment lié à la drogue. Et enfin, François Manéri (le personnage d' "Une affaire privée"), détéctive privé à la recherche de sa fille. Et, à travers tous ces destins qui se relient, se dessinent les personnages secondaires (Marie Gillain, Jean Rochefort, Vanessa Paradis, etc...). Et le brio scénaristique de Nicloux impressionne : si le début peut gravement perturber quant au sens de l'intrigue, le film se met en place peu à peu dans un montage sec et nerveux, développant chacun des personnages en nous expliquant qui sont-ils, quel rapport entretiennent-ils entre eux, bref, qui est qui. Pas besoin, donc, d'avoir vu les deux précédents épisodes de la saga policière de Nicloux pour saisir. Mais, hormis la capacité de retour entre chaque personnage que le metteur en scène parvient à transmettre sans fioritures, il y a du fort dans ce cinéma-là : le découpage brut, les alternances clairs/obscurs, la densité et la virtuosité qui s'installe dans le scénario, la partition saisissante des comédiens (Canet, Lhermitte et Paradis en pôle position), et les gammes d'ambiances. On ne pourra pas dire que la mise en scène soit novatrice en elle-même, mais elle remplit son quota d'effets traditionnels pour un suspense garanti, et surtout, créée une atmosphère d