A première vue, La Clef s’avère intrigant pour deux raisons. D’une part, parce que le casting du film s'avère particulièrement réjouissant. De l’autre, parce que le polar noir à la française se fait plutôt rare, et que c’est encourageant de voir un cinéaste français oser le genre. Avec La Clef, Guillaume Nicloux ose et s’en sort avec brio. C’est là l’une des qualités principales du film : parvenir à instaurer une atmosphère sombre, poisseuse, inquiétante. Le réalisateur a indéniablement une touche, et entoure son intrigue de mystère, assez bien rendu en images. On sent un vrai travail de réalisateur dans la photographie, les couleurs, le montage, tout est travaillé et précis. Il y a une réelle ambition aussi bien dans la forme que dans le fond. Du point de vue du scénario, Nicloux s’attache à un récit complexe, brouillé, superposé, mêlant les intrigues parallèles… Le film fait preuve d’une certaine audace en divisant son intrigue sur deux époques distinctes (d’une part, une enquête menée par J.Balasko en 1976 et de l’autre G.Canet perdu dans une histoire invraisemblable, cette fois en 2007), le réalisateur essayant au final de relier toutes les intrigues. On peut se montrer plus réservé sur le scénario du film, pas toujours clair, parfois confus et embrouillé, mais l’ensemble est suffisamment bien ficelé pour tenir le spectateur en haleine jusqu’au bout. Le film sollicite une certaine attention de la part du spectateur, et puis même si l’on s’y perd un peu, la qualité de la réalisation fait oublier les quelques zones d’ombre. Et puis surtout, le film bénéficie d’acteurs épatants, tous sans exception, de la trop rare Vanessa Paradis à Thierry Lhermitte, un de ses rares rôles dignes d’intérêt. Guillaume Canet confirme qu’il est un acteur sur lequel compter, tandis que J.Balasko et M.Gillain se montrent toujours justes. Pour la qualité de son interprétation, pour la maîtrise de la réalisation, pour l’ambition du projet, La Clef est une bonne surprise. Un bon polar.