Un visionnage fait au hasard d'un coup d’œil sur un programme télé, motivé par la conviction que de toutes les chaines françaises, Arte est la seule regardante sur la qualité, ainsi que par mon amour de l'Histoire, The Other Boleyn Girl s'avère sympathique mais extrêmement limité. On doit pratiquement cet état de fait non pas au budget, au contraire imposant, mais à la confiance placée en un jeune réalisateur du nom de Justin Chadwick, qui bien qu'il ait depuis tourné un biopic à succès sur Nelson Mandela, s'avère ici complètement dépassé. Incapable de laisser respirer son récit, comme s'il n'avait pas confiance en sa capacité à varier les séquences tout en maintenant l'intérêt, il va droit au but mais oublie de donner du souffle à cette histoire pourtant d'un temps où, déchirés entre famille, pouvoir et passion, les grands de ce Monde se livraient à de dramatiques tragédies. La mise en scène de Chadwick se mord la queue, répétant des plans paresseux et mollassons sans oser ni rien apporter de neuf ou de transcendant. L'anglais essaye quand même de marier l'intime à l'historique comme le veut une trame pas si mal foutue (un peu irrespectueuse de l'Histoire, quand même, ou au moins très interprétative), tentative très appréciable, bien qu'un peu maladroite (je pense à ces nombreuses scènes où la caméra filme à travers une porte dans une pièce à la pénombre totale, ne dévoilant aucun élément de la pièce et projetant un focus sur les personnages de la pièce adjacente - idée pas si bête mais agaçante à la longue). Le regard historique est donc teinté de mélodrame, fait qui pourra agacer quiconque s'avère tatillon quand à la précision documentaire. Mais heureusement, tout ça est justifié par l'atout majeur de Deux sœurs pour un roi, à savoir très simplement les acteurs qui se glissent dans les royaux atours du roi et de ses deux maîtresses. Eric Bana est très convaincant en monarque, le terme n'ayant nul besoin d'épithète tant il me semble déjà détenir une bonne partie de l'idée d'absolu pouvoir qu'on prête à l'archétype qu'il désigne, archétype que Bana affine en lui rendant bien ses inconséquences humaines. Il craque donc pour une Scarlett Johansson assez juste, mais surtout pour Natalie Portman, ce dont j'aurais bien du mal à le blâmer. Étourdissante, celle-ci écrase le reste de la distribution dans une composition que je n'oublierai pas de sitôt, tour à tour ambitieuse, désirable, pathétique. On sait au moins qu'une partie du budget n'aura pas été gaspillée, le reste passant dans des décors et des costumes soignés mais trop propres, trop lisses et loin d'une réalité historique bien plus crasseuse, ou même d'une quelconque vision artistique. Des choix frileux qui finissent presque de faire basculer vers le soap opera cette histoire d'intrigues politiques tout juste sauvée par sa distribution, l'obsédante Natalie Portman en tête.