Je n'ai pas encore vu venir « Mémoires de Nos pères ». Je crois qu'il est temps de corriger ce défaut! En effet, j'ai beaucoup apprécié ces « Lettres d'Iwo Jima ». Clint Eastwood nous conte l'épisode de la bataille d'Iwo Jima, comme l'indique le titre de son oeuvre, vu du côté des Japonais. Une perspective inédite donc, et pleinement réussie. Il ne s'agit toutefois pas d'un simple film de guerre: le cinéaste san-franciscain produit une oeuvre de paix avant tout. Tout d'abord, si l'ancien cow-boy d' « Une Poignée de Dollars » rend hommage à la dignité japonaise, souvent admirée – et à juste titre – par les cultures occidentales, il n'en dénonce pas moins l'intempérance. Les Japonais qui se suicident comme signe de résignation sont montrés comme des lâches, eux qui souhaitent pourtant faire honneur à leur Mère patrie en se donnant la mort. Il s'agit de montrer les excès qu'une propagande (est-ce bien le terme?) éducative, culturelle même, a provoqué chez ces soldats. Ceux qui, au contraire, continuent de se battre, sont les véritables héros (du moins dans le film), et, comme par hasard, ils ont pour têtes de proue deux officiers ayant côtoyé les américains autrefois: le général Kuribayashi et le baron Nishi. Les réminiscences de ceux-ci permettent à l'oncle Clint de montrer les connivences américano-japonaises d'antan, et ainsi de montrer la stupidité de la bataille, dont les soldats eux-mêmes, se rendent compte au fil du conflit (« Je pensais qu'ils – les américains – étaient mauvais, mais ils sont comme nous, ils sont humains » dit, à peu de choses près, Shimizu). L'alternance entre les réminiscences et le temps présent est savamment orchestrée. Les acteurs, inconnus d'Hollywood (hormis Ken Watanabe), jouent avec justesse, tandis que la réalisation reste impeccable, comme Eastwood nous en a habitué. Un beau film de guerre que je ne peux que vous conseiller.