Un dessin animé français accessible à tous… la chose est assez rare pour qu’on s’y intéresse. Et, même si le réalisateur Bilbo Bergeron (réalisateur du moyen "Gang de requins") fait le plein de nostalgie classieuse en plantant son décor dans le Paris de la fin du 19e siècle, j’ai été un peu déstabilisé par ce "Monstre à Paris" qui, à trop vouloir s’éloigner des codes habituels du film d’animation, manque singulièrement de structures connues. Ce parti-pris aurait pu être intéressant si le réalisateur offrait quelque chose de vraiment nouveau. Malheureusement, l’originalité du film se limite à proposer un récit décousu, qui peine particulièrement à cerner les véritables héros de l’histoire. Il faut dire que la promo du film (à commencer par l’affiche) laissait entendre que les deux personnages principaux étaient la chanteuse et le Monstre… ce que semblait confirmer leur casting vocal (Vanessa Paradis et -M-) et l’omniprésence de l’extraordinaire chanson "La Seine". Difficile, dès lors, de ne pas être perturbé par leur arrivée tardive dans le récit et par la surexposition de deux autres personnages (le timide Emile et le flambeur Raoul) qui s’avèrent être les véritables héros du film. Il faut dire que les scénaristes sont venus leur greffer plusieurs sous-intrigues un peu envahissantes (l’amour secret d’Emile pour Maud ou sa passion pour le cinéma, le béguin contrarié de Raoul pour Lucille ou son goût pour les inventions…), venant détourner l’attention du spectateur de l’intrigue principale. Le personnage du Monstre (baptisé Francoeur) est, également, étrange dans sa présentation puisqu’il sait visiblement chanter mais pas parler… ce qui ne semblent surprendre personne ! J’ai également été un peu déstabilisé par la direction d’acteur du casting vocal, Bergeron ayant visiblement laissé une grande marge de manœuvre à ces acteurs, qui adoptent ainsi une diction plus proche d’un film que d’un dessin animé. L’exemple le plus frappant est celui du Préfet Maynott campé par un François Cluzet qui s’essaie, pour la première fois, à l’exercice, et dont le débit est un peu trop rapide. Idem pour Gad Elmaleh, qui assure la voix de Raoul, et qui s’avère bien plus convaincant lorsqu’il double le Gru de "Moi Moche et Méchant". "Un Monstre à Paris" peut cependant s’appuyer sur une animation de qualité (l'une des grandes satisfactions du film) et sur le charme de carte postale de ce Paris d’antan ainsi que sur des références étonnement anciennes pour un film réservé à un jeune public (on pense beaucoup au Fantôme de l’Opéra mais également aux affiches de Toulouse-Lautrec et, plus généralement, à l’âge d’or de Montmartre). On a également droit à quelques séquences intéressantes (la reconstitution de la fuite de Francoeur vue à travers ses yeux) qui ne parviennent, cependant, pas à faire oublier le rythme très inégal du film et la prévisibilité du scénario. On pourra également regretter le sort réservé aux personnages secondaires, souvent sous-exploité malgré un beau potentiel (la tenancière Carlotta, le serveur Albert ou encore la timide Maud) ainsi que la fin, qui se termine un peu en queue de poisson. Définitivement, je suis passé un peu à côté de ce dessin animé, certes bourré de charme mais trop atypique et déstructurée pour emporter mon adhésion. Reste la chanson "La Seine"…