Alors que beaucoup s’accordait à dire, suite un départ définitif de Sean Connery, que James Bond était mort, les célèbres producteurs Cubby Broccoli et Harry Saltzman prouve qu’ils ont encore des ressources en propulsant Roger Moore, l’incarnation de Simon Templar dit le Saint, dans le costume de l’agent 007. Le nouvel interprète amène avec lui un vent de fraîcheur d’abord pas forcément le bienvenu mais finalement nécessaire au renouvellement de la franchise. Oui, il était alors nécessaire, après un septième volet amusant mais tournant un peu en rond, d’amener de la nouveauté. Ici, c’est d’abord l’humour qui apparaît comme novateur, cela étant constatable dès l’entrée en scène de Roger Moore, semblant incarné un Bond plus dandy que jamais, mais aussi plus maladroit face à sa hiérarchie. Le scène de la machine à café démontre par ailleurs que le raffinement de Bond n’est pas, ou plus, une source d’admiration, mais d’avantage à un tic amusant qui irrite ses employeurs.
Pour ce nouveau James Bond, il faut à nouveau compter sur le réalisateur Guy Hamilton, celui qui officia déjà deux fois sur la série. Adepte d’un certain humour et de la répartie, Hamilton s’accorde parfaitement avec un Roger Moore franchement imprévisible, parfois classieux à souhait, d’autres fois, alors dans des situations peu confortables, à la limite de la rupture. Oui, vivre et laisser mourir est souvent drôle, à l’image de sa scène phare, la poursuite en hors-bord dans les bayous de Louisiane. Là débarque donc un ensemble de personnage voué à s’écraser sous le passage de l’ami James Bond, d’abord toute une clique de pilote poursuivants maladroits, mais surtout un certain Shérif Pepper, débile et hilarant, il l’était du moins à l’époque, qui amène une fraîcheur insoupçonnée à la séquence. Celle-là même étant par ailleurs l’une des toutes belles de la série, époque 1970-1980.
Le changement d’orientation est donc plutôt distrayant, amusant voire même réjouissant. Il y aura bien sûr de multiples rancœurs envers la nouvelle équipe qui tente tant bien que mal de faire oublier Sean Connery, mais James Bond survit, c’est l’essentiel. Malgré cela, malgré une intrigue finalement satisfaisante, le récit manque cruellement d’intérêt, n’étant en soi pas captivant, ou très peu. Trois agents britanniques tués et voilà James Bond envoyé sur les traces d’un certain ministre d’une île des Antilles se révélant bien vite être un trafiquant notoire de stupéfiants. Vivre et laisser mourir fait également la part belle à l’esprit Vaudou, une culture lointaine et curieuse qui ici ne résonne pas comme un centre d’intérêt mais plutôt comme une tentative ratée de la part du scénariste et du réalisateur d’amener d’avantage encore d’exotisme. En somme, les rites vaudous ne se résument ici qu’à une profusion de serpents, arme de mort dans les mains d’un sorcier. Les animaux, parlons-en, serpents, crocodiles et finalement requins, sont ici plus présents que jamais et constituent les principaux périls sur la route de 007.
Finalement, si l’on considère Roger Moore comme convainquant, l’on passera un moment agréable devant un James Bond nouveau modèle, assorti qui plus est ici de Jane Seymour en Solitaire, l’une des plus belles James Bond Girls de toute la franchise. Le shérif Pepper ou encore le personnage au crochet, Tee-Hee, constitue notamment un plus au niveau du divertissement, Tee-Hee pouvant par ailleurs être considérer comme le petit cousin d’un certain Requin, que l’on découvrir plus tard. Pas folichon, mais sympathique. 13/20