Je le dis d’emblée, je ne suis pas très James Bond.
Je n’ai vu que 4 James Bond au cinéma et suis ressorti à chaque fois peu emballé.
A la téloche, l’espion 007 n’est donc pas ma priorité. Je peux même m’en passer.
Puisque j’ai la possibilité de tous les voir, je vais me contraindre à parfaire ma culture 007.
D’où une naïveté parfois volontaire et sincère.
« Vivre et Laisser Mourir »
Cette fois, Sean Connery a tenu bon, il a laissé le costume à Roger Moore.
Remarque : Sean Connery jugé « vieux » à 41 ans laisse sa place à Roger Moore 45 ans !
Oui, Roger Moore commence à 45 ans alors que Sean Connery a débuté à 32 ans !
En quoi Roger Moore donne un coup de jeune à la saga ?!
Ah, Roger Moore, c’est et ce sera à jamais Brett Sinclair.
Sa façon de lever un sourcil, son sourire en coin parfois pincé, sa manière de se recoiffer après une bagarre et un humour savoureux dans la série culte « Amicalement Vôtre ».
Cette série m’accompagne toujours. Je n’ai aucun DVD James Bond, mais j’ai les deux saisons de la série.
Et fait inattendu, « Amicalement Vôtre » est l’exception qui confirme la règle : je ne regarde pas la série en V.O !
Les voix de Claude Bertrand pour Roger Moore et de Michel Roux pour Tony Curtis collent parfaitement aux personnages et participent au succès de la série… en France !
Ces voix sont de petites madeleines précieuses qui me renvoient à mon adolescence et dont je ne veux pas me séparer !
Donc, j’étais tenté de regarder Roger Moore en V.F !
J'ai écouté quelques secondes par curiosité puis suis revenu aussitôt en V.O.
Ne serait-ce que pour les autres acteurs et parce que cela fait plus de 40 ans que je ne regarde qu’en V.O.
Bien que ce soit la même voix française, je me suis dit que j’avais affaire à James Bond et non à Brett Sinclair.
Que dire de ce 8ème épisode de la saga James Bond que je n’avais encore jamais vu ? Eh oui, 6 sur 8 !
On y retrouve à la réalisation Guy Hamilton, le réalisateur du mythique « Goldfinger » et du très décevant « On ne vit que deux fois ».
Le générique introduit d’entrée une femme noire aux yeux grands ouverts, le buste laisse deviner une poitrine généreuse. Pour la deuxième fois, après « Les Diamants Sont Eternels » l’érotisme est de chair ; toutefois, on y retrouvera des silhouettes ombrées aux seins nus. L’ambiance nous est révélé à travers le portrait de cette femme : le vaudou.
Et le plus du générique : la chanson de Paul McCartney.
Roger Moore ne semble pas du tout dirigé, il fait du Roger Moore. On retrouve son mouvement de sourcil conjugué à son sourire parfois agrémenté d’ironie et un humour déjà exercé dans la série « Amicalement Vôtre ».
Un humour qui lui correspond bien.
L’élégance est toujours là, il est vrai qu’il porte bien le costume.
Il ne fume pas de cigarettes, il fume des cigares et ne porte pas de chapeau, ce qui fait qu’il ne peut pas le lancer sur un porte-manteau !
Il n’a pas l’occasion de le faire dans la mesure où M et Moneypenny débarquent en pleine nuit chez lui pour lui signifier sa mission.
James Bond doit enquêter sur le sol des Etats-Unis ; trois agents des services britanniques ont disparu.
Cela le mène des quartiers chauds de Harlem à la Nouvelle-Orléans.
Son point de départ : le Dr Kananga sous les traits de Yaphet Kotto dont les activités sont plus que douteuses.
Yaphet Kotto endosse le rôle du méchant de service, ici, on ne parle plus de Blofeld.
Yaphet Kotto n’était pas satisfait du rôle : «J'étais le premier méchant Bond noir » ; il n’est pas le seul, tous les Noirs sont des méchants.
Faut-il rappeler à Yaphet Kotto qu’avant « Vivre et Laisser Mourir », et bien avant « James Bond contre Dr No », de nombreux Blancs jouaient des méchants ?!
Et ça continue !
Entendu, pour une fois où des Noirs intégraient la franchise James Bond, il aurait apprécié que ce soit du côté des gentils.
Malheureusement pour lui, il aurait mieux valu qu’il soit le premier méchant noir inoubliable, car à bien y regarder, son rôle est des plus classiques. Un méchant passe-partout.
Au-delà de la référence Blacksploitation, « Vivre et Laisser Mourir » s’avère être un épisode peu enthousiasmant. Et ce n’est pas la longue et interminable poursuite en hors-bord qui arrange les choses.
Que dis-je interminable ? Indigeste avec ce shérif bouseux et lourdingue.
Je lui reconnais une qualité : le shérif est le portrait d’une Amérique raciste. Plus raciste que la production qui a casté des comédiens noirs pour des rôles de méchants.
Côté James Bond Girl ?
Une noire et une blanche comme deux notes de musique !
Mais là encore, la production exploite (maladroitement ?) la blacksploitation avec la note noire sous les traits de Gloria Hendry en Rosie Carver.
Première James Bond Girl noire quand même !
Une espionne double-jeu, guère convaincante et un peu cruche.
Inutile de tirer sur la production, des cruches Girls blanches, il y en a chez James Bond !
D’accord, comme pour Yaphet Kotto, il aurait mieux valu que la première James Bond Girl noire soit entreprenante, de caractère etc…
La franchise avance à petits pas, elle est à l’écoute de la société, patience, patience.
La note blanche se nomme Jane Seymour dans le rôle de Solitaire.
Une cartomancienne, vierge, esclave du Dr Kananga,
elle peut lire l’avenir dans les cartes du tarot.
Evidemment, comme toute James Bond Girl qui se respecte ou respecte le cahier des charges, elle succombera à l’agent 007.
En perdant sa virginité, non seulement elle trahit son maître, le Dr Kananga, mais elle perd tous ses pouvoirs !
Ayant goûter au plaisir de la chair, elle y gagne au change puisqu’elle en redemande la coquine !
A voir en V.O… pour la vraie voix de Roger Moore !