C'est une fiction, mais la dimension documentaire de Wild Style est réelle. Le film nous donne à voir un Bronx délabré, d'où a émergé la scène hip-hop avec ses graffeurs, ses rappeurs et ses danseurs. Le film donne d'ailleurs à entendre les paroles des MCs, qui évoquent crûment la sexualité et l'argent, le cynisme en moins, que l'on trouvera plus tard dans le Gangsta Rap des années 90. La violence du Bronx est certes évoquée, mais assez largement edulcorée.
La question de la monétisation du hip-hop, et de l'art en général, est posée par le film, avec un Fab Five Freddy qui a pris une part active dans le montage du projet et dont le personnage à l'écran se montre très intéressé par le profit à en tirer. Tout comme les yuppies de Manhattan, qui sont montrés dans une séquence intéressante de choc des cultures.
Le graffeur Lee Quinones joue le rôle principal. Le réalisateur Charlie Ahearn a souhaité introduire une bluette pas indispensable avec une graffeuse. Mais ce qu'il y a retenir est la volonté d'une véritable présence féminine dans l'ensemble du film. Les filles rappent, font du graffiti, là encore il y a une distance avec le Gansta Rap qui va hypersexualiser la femme.
Dernier point, il me semble intéressant de rapprocher Wild Style d'un film tourné un an plus tôt, Downtown 81 avec Jean Michel Basquiat. On retrouve le même principe d'une fiction qui comporte un important aspect documentaire, cette fois-ci de la scène post-punk de Manhattan. Il y avait d'ailleurs, dans la vraie vie, une connexion entre Fab Five Freddy et Basquiat, même si ce dernier n'apparaît pas dans Wild Style.
En résumé, un film qui nous plonge dans une ère révolue de New York, mais dont on perçoit à travers le temps l'énergie positive de ces jeunes gens vivant au milieu de ruines, mais avec la volonté d'en sortir en créant.