"La faille" est plein de prétentions, se revendique intelligent, subtil et machiavélique, il n'atteindra jamais l'un de ces trois qualificatifs. La faute à un scénario qui comporte un début et une fin mais qui sonne creux entre les deux, et à une conception maladroite des personnages. Pour tout cinéphile, le style est bien connu. Un crime bien étudié jusuqu'aux moindre détails pour ne pas se laisser piéger par des preuves accablantes, un meurtrier malin, qui manipule les enquêteurs, qui joue avec la justice afin d'être acquité. La production pensait qu'avec l'aura d'Anthony Hopkins réputé pour ses talents dans le rôle du criminel fin psychologue, et avec le charme d'un Ryan Gosling attachant sous ses airs de justicier téméraire mais parfois impuissant, l'affaire, appuyée par un plan de génie difficillement déjouable, ne pouvait que nous électriser. Si du côté du jeune blondinet le contrat est rempli, j'ai trouvé l'attitude désinvolte d'Anthony Hopkins, son manque de sérieux et son excès de confiance manifeste lourd et peu attrayant, surtout au vu de la crédibilité dont il jouit devant ses détracteurs. La fameuse affaire quant à elle, tourne autour de la recherche de
cette étrange arme du crime qu'on ne retrouve pas, pour nous révéler à la toute fin le stratagème astucieux censé nous épater, sans pour autant s'intéresser plus que ça à d'autres
preuves. Alors leur dissimulation est originale, oui, c'est bien trouvé, bravo, mais baser un scénario de deux heures rien que sur cette trouvaille, combler le vide de personnages secondaires, enfin tertiaires, bref dont je ne vois aucunement l'utilité, nous embarquant dans des histoires parallèles vides d'intérêts, de rebondissements surfaits, juste pour entretenir le mystère derrière ces intriguantes questions et n'y répondre qu'à la fin, c'est donner lieu à un thriller creux, mou au point de devenir fatigant. La tentative de le sublimer, sans doute inspirée par la saga Hannibal, à travers un vicieux jeu psychologique du tueur est malmenée. Pas fascinant pour un sou, l'aspect manipulateur s'avère peu convaincant, loin derrière des références du genre, comme "Basic instinct" ou "Gone girl". Le titre "La faille" portera tout au long du film plusieurs sens, nous déroutant à chaque fois sur ce à quoi il fait référence, une idée intéressante si je ne me rendais pas compte que, dans l'absolu le plus pertinent serait qu'il réfère à celles du film en lui-même.