« Des fous ? Oh ben alors là, dites donc, ça, ça va être difficile à retrouver parce que des fous, y en a, y en a partout ici, il n’y a que ça. C’est un bois qui a très mauvaise réputation. »
Signé François Reichenbach, auteur multiprimé de documentaires salués par les hérauts de la Nouvelle Vague, coréalisé par Pierre Cosson qui a aussi travaillé sur quelques comédies populaires (Le Distrait, Pierre Richard, 1970, Bons Baisers… à Lundi, Michel Audiard, 1974), ce film est aussi le seul à la fois écrit, dialogué et interprété par Raymond Devos qui s’entoure d’une galerie impressionnante d’acteurs et d’actrices : Alice Sapritch, Jean Carmet, Marthe Keller, Paul Préboist, Lino Ventura, Pierre Richard, Pierre Tornade, Robert Dalban, Yves Robert, Julien Guiomar, Roger Hanin et bien d’autres, plus ou moins connu·es, dont les deux évadé·es impressionnant·es de naturel, Patrick Penn et Paula Moore (qui a fait une courte carrière de chanteuse), distribution faisant preuve d’un éclectisme assez surprenant.
Mélangeant absurde de situation et absurde verbal, avec une pointe d’humour noir, certaines scènes sont dignes du théâtre de Ionesco
(la scène du restaurateur, Julien Guiomar, qui mange à l’heure des repas, celles de l’hôtel tenu par un Pied-Noir, l’accueil de l’hôtelier, Roger Hanin, et les retrouvailles inopinées du gardien et du directeur de la maison de repos, Raymond Devos et Jean Carmet, l’aveu de détestation du mari, Jean Carmet, à sa femme, Alice Sapritch)
, d’autres reprennent des extraits de sketchs de Raymond Devos, d’autres, enfin, sont dignes des comédies populaires de l’époque. L’ensemble, grâce à cette alternance, tient plutôt bien la route, ce qui est plutôt une bonne chose pour un road movie, en voiture, à moto, à vélo, à pied, à l’envers.
Ce film, malheureusement tombé dans l’oubli, est surtout un formidable conte philosophique et drôle dans la plus pure tradition française, à la Voltaire, à la fois tendre et intelligent, un condensé de bienveillance à la sauce Devos (et pas Lemmens).