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Skipper Mike
85 abonnés
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3,5
Publiée le 23 juin 2014
"Alexandra" est un film doux et envoûtant, qui raconte la guerre à travers le regard d’une vieille femme venue retrouver son petit-fils militaire. On partage alors sa curiosité et son ironie douce-amère lorsqu’elle découvre le camp des soldats, univers qui semble en total décalage avec elle. Ses réflexions naïves sont alors assez drôles, de même que la façon dont les soldats la traitent, saisis qu’ils sont par l’incongruité de la situation. Plus tard, Alexandra s’invite dans un marché, monde qui lui correspond plus, mais on en revient là aussi à l’humanité. Les tensions entre les deux camps sont en effets sensibles mais il est facile de se rendre compte qu’ils ont beaucoup en commun et peu de raisons de s’en vouloir : la guerre apparaît alors comme un état de fait accepté par tous, une convention qu’il faut respecter, mais sans plus de conviction. L’idée est très intelligente, même si le ton du film est sans doute trop mineur pour marquer durablement les esprits.
Avec retenue, sans faire d'esbrouffe et avec un scénario réduit au minimum, Sokourov signe ici un de ses plus beaux films. Doucement, il nous fait pénétrer dans ce camp de soldats qui sont revenus de tout et il délivre un message de paix qui ne peut que toucher. L'heure n'est plus à la revanche, mais à l'apaisement des haines. Il dresse au passage le magnifique portrait d'une femme russe qui s'apprète à mourir. Subtilement, en n'ayant recours à aucun artifice, le cinéaste nous bouleverse. Le tout bénéficie d'une mise en scène classieuse absolument magnifique, à la fois simple et terriblement travaillée. Du beau cinéma d'auteur, à réserver aux amateurs d'errances.
L'histoire d'une grand-mère (babooshka) qui ne trouve rien de mieux que rendre visite à son petit fils dans son camp militaire en pleine Tchétchénie. On ne va pas voir ce genre de film pour se détendre, et pourtant, le rythme tranquille (mais pas lent) et l'originalité et parfois l'humour des situations, loin d'un « la vie est belle » de Benigni prend largement une dimension divertissante. Jusqu'à un certain point, quand la grand maman prend une Kalachnikov et fait semblant de tirer, on ne sait plus si l'on doit la trouver agréable ou la pire des enfoirées sur cette guerre aussi absurde que toutes les autres. Heureusement, quand elle dit une seconde après « c'est si facile », on a compris que ce film a choisi son camp, et va nous le montrer sans juger personne. En dehors d'une caméra presque « américaine » dans son traitement sépia et son usage des téléobjectifs, son sens du rythme malgré le manque total d'action, son amour des visages, même de 81 ans, ce film d'auteur le cache bien. Et c'est tant mieux. Il y a au moins deux magnifiques scènes, qui valent le déplacement pour tout un chacun, ensuite, c'est le jeu de la veuve de Rostropovitch qui nous laisse scotché au siège du début à la fin. On ne peut pas dire que c'est un film magnifique, il est trop simple pour être comparé à un Tarkovski, mais le courage de tourner en Tchétchénie, de montrer une réalité de la lassitude et la résignation de deux peuples prêts à craquer, sans fioritures, sans leçons partisanes, tout cela est de la dimension des grands réalisateurs. Surtout quand on n'a pas l'impression d'avoir vu un documentaire, alors que rien n'a été fait pour échapper à cette approche. Tant de cultures mondiales nous échappent en programmation parisienne par faute de place, de temps, et d'omniprésence hollywoodienne. Oui, j'oubliais, ce n'est même pas triste, juste sérieux.
Pape du cinéma russe contemporain,Alexandre Sokurov s'attelle aujourd'hui à l'horreur de la guerre par la frontalité du non-dit.Dans l'association du silence et des visages,le réalisateur excelle comme personne d'autre.Là où son film est par contre plus discutable,c'est du côté de son discours à portée visiblement humaniste.Le défaut principal du film est son anecdotisme,qui désactive grossièrement toute la bonté initiale du message.Hurler en silence contre la guerre,ou au mieux la chuchoter,ne pas en montrer la violence ou refuser d'en faire ressortir l'effroi,pourquoi pas.Seulement,le film se perd dans ses propres non-dits,dans son propre refus,flirte avec l'abstraction pure et oublie de donner un point de vue.La relation entre la grand-mère et son petit-fils paraît,elle,mille fois plus intéressante dans la façon d'aborder l'intimité de la fusion ainsi que le cadre qui l'entoure,que le message à la fois flou et hésitant touchant le thème de la guerre.Son film manque donc cruellement d'objectivité,et le cinéaste se complaît à systématiser son procédé inégal.Inégal car,dans le but réel de l'oeuvre (subtil militantisme),le film échoue.Dans l'autre sphère,celle de la relation entre la vieille dame (splendidement incarnée par Galina Vishhnevskaya) et le jeune homme (opposition de différents modes de vie,fossé culturel,incommunicabilité des deux mondes et élargissement d'un dialogue inconstant),"Alexandra" atteint des sommets d'épure et de justesse.De cette alchimie particulière naît un film formel et hydrogéné,audacieux dans la forme mais vide dans le fond sur la moitié de sa plate-forme.Esthétiquement,on sent la cohérence ultime d'un cinéaste qui clarifie et dépouille tous ses plans.Philosophiquement,il y a aussi une indéniable force réflexive (portée par une musique symphonique sublime),qui bascule de tomber d'un moment à l'autre dans l'idéologie de bazar à force de l'instabilité du message,ou plutôt du procédé censé le transmettre."Alexandra" n'est donc pas le chef-
La guerre de Tchétchénie vue par une Babouchka russe. Un film lent et contemplatif sur l'absurdité de cette guerre, de toutes les guerres. La magnifique, drôle et touchante actrice principale rend un bel hommage aux femmes. Et les jeunes soldats, en manque de réconfort maternel et féminin, dévoilent toute leur sensibilité.
Sokourov réalise avec Aleksandra un film étrange, où la guerre tchétchène est l'arrière plan d'une réflexion sur la solitude, l'ennui et la vieillesse, mais étonnamment pas sur les souffrances engendrées par la guerre elle-même.
La mise en scène prend un pari un peu expressionniste en adaptant la forme au fond. L'ennui c'est que quand le fond est l'ennui et la solitude, ça donne logiquement un film ennuyeux.
D'autre part, le film passe totalement à côté de son idée en répondant d'emblée aux questions qu'il devrait entraîner le spectateur à se poser: Peut-on réfléchir à la vieillesse en sortant de la séance? Non, on en a peur. Peut-on se poser des questions sur la guerre? Non, elle n'est pas montrée, ni les aspirations du peuple tchétchène à part un maladroit "laissez-nous notre liberté" adressé à une grand-mère qui n'a rien à voir dans le conflit.
Dommage, quelques belles idées étaient pourtant là ("c'est si facile") mais pour ne parler que de cet exemple, il est aussi beau qu'amené par une situation en-dessous de toute crédibilité.
En bref, de belles promesses mais un résultat ennuyeux et étonnamment vide de sens.
Il n'y a pas beaucoup de films sur la tchétchénie. C'est pas pour cela qu'il faut compter sur moi pour être complaisant. Dans Alexandra, il y a une bonne idée mais malheureusement, on sent qu'il n'y a pas de matières pour remplir les minutes de bobines. Du coup ça laisse une impression de tenir pour tenir, pour sortir un long métrage. Dommage. J'attendrai le prochain.
Alexandra est un film admirable à plus d'un titre. Film qui redit l'absurdité de la guerre, mais surtout qui met en scène un superbe personnage de babouchka débarquant dans un camp militaire comme un ovni aterrirait dans votre jardin. L'ovni disparait bientot et finit par se mêler à cet univers viril. Tout en gardant ses distances, elle parle à tous, et d'abord à son petit-fils à qui elle crie son désespoir dans une scène magnifique. Ce film n'est jamais lent, il distille sa beauté à un rythme parfaitement adapté au propos. On est bouleversé par la justesse qu'il dégage, la pudeur qui l'enveloppe, le tout dans une belle fluidité artistique.
admirable..j ai eu la chance de ne pas lire le synopsis avant d'aller le voir, j'ai pris tout le plaisir a découvrir la destination d'Alexandra et vivre l'intrigue jusqu'au son arrivé au camp militaire.