Le temps s'enfuit, et voici l'écoulement infini des jours qui nous traverse sans cesse. Pourtant, il arrive que quelques moments bercés de secondes s'échappent de ce flot continuel, pour nous paraître comme hors-temps. La beauté de l'infime nous apparaît alors comme mise en lumière. Voila ce que frôle ce film, ce qu'il tente d'expliquer, ou du moins ce qu'il a la prétention de vouloir faire ressentir. Bien maladroitement, c'est vrai. Il y parvient parfois, touchant d'une image figée ce qui est sans mots. La beauté doit s'extraire du mouvement, alors Ben Willis apprivoise le temps en l'arrêtant. Tout simplement. Tout ceci n'est pas à prendre au premier degrè. C'est une forme d'autisme auquel on se laisse prendre, dans la douceur d'un moment bercé d'une illusion ambiante. Et cette évidence : il n'est pas nécessaire de lutter contre le flot du temps si on se laisse emporter par ses mumures. Cashback réussit quelques réels moments de grâce un peu naïve, touchante, presque véridique. Mais malgré une photographie magnifique, et un personnage principal qui nous retient à ses gestes en véritable esthète, Cashback ne réussit jamais entièrement son pari. Le film frôle une idée, un sentiment fragile que seul un véritable funambule de la caméra aurait su réellement capturer. Ellis, à l'oeil visiblement aiguisé, manque encore de la maturité nécessaire à un tel projet. Son court était réussi et méritait sans aucun doute un long, mais un long bien exploité. Certaines scènes alourdissent un sujet qui aurait pu être véritablement maïtrisé et puissant. ainsi, l'humour adolescent, poussé au paroxysme du pathétique, ternit malheureusement la poésie des images. Cashback amuse, plaît souvent, et heurte au coeur, parfois. Mais l'on aurait espéré bien plus encore. Restent de très bonnes idées et initiatives - flash backs et transitions. Mais demeure au final, malgré toutes ces bonnes intentions, cette sorte de frustration qui vous fait dire : dommage, ça y était presque