Tiré de son court-métrage éponyme (qui avait sacrément surpris son monde), Cashback est un film naïf, poétique, simple mais efficace, une ode à l'amour, celui que l'on a tous vécu, qu'on connait si bien et qu'on a pourtant tant de mal à analyser. Vous le connaissez, cet amour indescriptible dont on ne se souvient que des symptômes : insomnies, obnubilations, rêves éveillés, souhaits, regrets... Toutes ces choses que l'on retrouve à travers les yeux de Ben, jeune artiste des Beaux-Arts anglais qui va tenter de revivre après une rupture difficile... L'air candide, le regard ailleurs, la tête pleine à craquer de souvenirs et à la timidité envahissante, Ben est un post-adolescent, un jeune adulte qui a toute la vie devant lui mais qui ne peut pas contrôler ses pensées. Devenu insomniaque, il va trouver un poste dans un supermarché de nuit et va rencontrer des collègues de travail délirants qui vont le sortir malgré eux de son quotidien échevelé. Avec Cashback, Sean Ellis nous renvoie notre propre image, nous confronte à nous-mêmes, nous qui avons tous souffert d'une histoire d'amour, et pimente le tout avec un élément fantastique présenté comme banal, onirique : Ben peut stopper le temps et apprécier la beauté du monde qui l'entoure. On découvre avec ce premier long-métrage une mise en scène léchée, inventive et ludique, une musique enivrante, des acteurs inconnus époustouflants, une romance moderne finalement très proche de notre réalité. Ellis ajoute toute la saveur de l'Angleterre, de ses personnages décapants et atypiques, comme pour éclairer d'une pointe d'humour les moments sombres de notre héros et de la thématique du film. Des séquences visuelles cultes (les fameux arrêts sur image), un acteur principal hypnotisant (Sean Biggerstaff, ou le Olivier Dubois d'Harry Potter à l'école des sorciers) et un scénario aussi sobre que riche en émotions comme on aimerait en voir plus souvent.