Dédié à Beyrouth,sa ville natale,le premier film de Nadine Labaki laisse entrevoir plein de promesses pour la suite."Caramel" est une sorte de "Venus Beauté (institut)" à la libanaise.Construit principalement sur des situations,et presque sans fil narratif,son premier film a une jolie force évocatrice.On sent une nostalgie touchante à l'écran,où est filmé des petits moments de bonheur révolus (?) entre copines,des petits drames,des difficultés d'assumer son statut de femme dans une société qui les oppriment,ou des petits flirts.Même si elle cède souvent aux clichés,la réalisatrice se reprend ailleurs;sont irréprochables la mise en scène,douce et légère,les actrices,formidables (dont Nadine Labaki elle-même),et leurs personnages,amers et émouvants.Certains tirent leur épingle du jeu plus que d'autres (en particulier les plus âgés,filmés avec douleur mais énormément d'empathie),mais tous sont des pépites d'humanisme,blottie ou pas sous une carapace que la religion et la domination masculine oblige (détail amusant : le seul homme libanais du film traité 'proprement' est...un policier),entre autres.Bref,ce portrait de femmes sonne vrai,et on ne pourra en aucun cas en critiquer la sincérité.Sans non plus signer-là un film inoubliable,Nadine Labaki a juste réchauffé nos coeurs pendant 1h30,grâce à la délicatesse de sa caméra et son regard infiniment lucide sur son pays et ses personnages.On est à la fois transporté,bercé,caressé,amusé et ému.Quand l'écran se fige dans l'obscurité la plus totale,le bonheur se volatilise soudainement;un film trop court,sans prétention,juste beau et à hauteur de femmes.On est touché encore un temps après.