Il y a de ces films qui, dès la première minute, vous attrapent pour ne plus vous lâcher. Ainsi, ce lent travelling sur le caramel encore chaud, brillant, qu’on sent amoureusement préparé mais qui ne sera jamais mangé, vous fait sentir la délectation qui ne vous quittera pas pendant toute la durée de ce petit bijou.
La ville de Beyrouth en paix, vue par des femmes, l’idée à priori était intéressante : le résultat est bien au delà, universel dans son propos, s’adressant à tous, et à tous les sens. Ce qui frappe en premier lieu, c’est la beauté formelle : un sens du cadre, précis, d’une très grande élégance; une photo sublime aidée par un éclairage doux, sensuel, chaleureux; une bande son chatoyante, aidée par le mélange percutant des langues et une musique délicieuse...
Les sept femmes que l’on découvre peu à peu ont chacune leur histoire, d’amour, d’espoir déçu, de vie rêvée; certaines ont un jardin secret bien plus étendu que ce que d’autres racontent de leur vie; toutes ont des fêlures, des douleurs enfouies et aussi des joies inouïes, et tous ces destins se croisent devant la caméra sans que jamais il n’y ait de confusion ou d’ennui. Ce ne sont pas des grandes histoires à événements dramatiques, juste la vie qui coule, marquée bien sûr par le poids de la guerre passée et des religions, mais ces influences ne sont jamais lourdes et l’on peut s’identifier aisément aux personnages, quelque soit son origine.
Certains ont évoqué “Vénus beauté” de Tonie Marshall, mais ce Caramel a beaucoup plus de saveur, de poésie, d’humour et de mélancolie mêlés, et on est plus près d’un Almodovar ou d’un Wong Kar-Wai.
Un film à déguster, à la douceur amère, d’une étonnante maîtrise pour une première oeuvre.