Le film arrive un peu tard pour se nommer d'un seul mot si simple… ou pas. Son choix, c'est de surfer sur la nostalgie DE la nostalgie du disco, cette époque où on pouvait encore le maintenir en vie dans nos cœurs sans passer pour le ringard que Dubosc joue ici comme à son habitude. Habitué à l'acteur ainsi qu'à sortir des affiches assumant leur absolu kitsch, Onteniente réussit à ne faire ruer personne dans les brancards, captant une bonne partie de ce qui immunise la comédie française aux quolibets à gogo.
Le contrat que signe le spectateur avec lui, c'est d'aimer Dubosc, de l'autoriser à le voir s'embarrasser dans des situations tellement nulles qu'elles n'arrivent même pas à être gênantes. C'est le passage obligé pour se rendre compte que tout est loin d'être concentré sur le culte de l'acteur (c'est aussi un passage que, personnellement, je n'arriverai décidément jamais à franchir avec lui, mais c'est 100% subjectif).
La fraternité, la musique : c'est le monde du personnage qui importe, et à bien des égards, c'est un culte qu'on voue à sa naïveté, à sa petite bulle. Une jolie manière d'introduire en douceur le thème de ces nostalgiques qui, à la moitié de leur vie, ont encore tout dans les jambes mais la tête dans le passé. Et surtout… rien dedans. Faire passer tous les ringards pour des andouilles, c'est un procédé qui a ses limites et il ne faut pas se voiler la face sur le résultat : Disco, à force de remuer le passéisme, a vieilli avant de sortir.
Le scénario est connu d'avance : chaque ligne est prévisible et l'on voit d'emblée comment l'échiquier est disposé. On dirait que ce n'est pas la victoire qui importe, mais comment la partie se joue. De nombreux films de ce genre se confinent à la médiocrité parce que cette carte est marquée du sceau du film de consommation. En revanche, Onteniente, c'est son truc. En nous empêchant de déterminer s'il sait que son film est démodé, il distrait suffisamment notre attention pour asséner son atout : la chorégraphie. Les acteurs donnent de leur personne, parfaitement conscients du mélange qu'on essaye d'accomplir entre nostalgie et sa parodie.
Alors c'est cheesy, oui, mais on parle de disco, là : un des genres les plus définitivement enterrés de l'histoire de la musique, car génération après génération, Boney M nous manque même si on ne les a pas connus. Finalement, c'est comme si le film se situait directement dans les années 80, et qu'il n'avait de vraiment anachronique que sa BO glamour dans un camion Darty ou la chorégraphie des Bee Gees sur les docks du Havre. Chez Onteniente, c'est l'anachronisme qui ancre son film à son époque.
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