Tracy Turnblad est presque grande, presque blonde et presque mince, donc presque raccord avec les canons de beauté période “Baltimore, 1962”. Mais ça n’est pas un problème pour elle qui, le rythme dans la peau, rêve d’intégrer le “Corny Collins Show”, tout en sachant qu’il lui faudra convaincre tout un tas d’hypocrites aux mœurs aussi figées que les coiffures après passage de laque,ainsi que sa mère, incarnée par…John Travolta, à qui l’on peut reprocher beaucoup de choses (cabotinage, égo démesuré…), mais pas de ne pas prendre de risques ici. Car, choucrouté et enrobé, il joue le jeu jusqu’au bout, comme Christopher Walken et Michelle Pfeiffer, seconds rôles de luxe qui, s’ils surjouent, le font avec bonne humeur, et savent aussi s’effacer au profit des jeunes têtes d’affiches que sont Amanda Bynes, Zac Efron et surtout Nikki Blonsky. Propulsée dans la peau du personnage principal de ce remake du film de John Waters et de sa transposition en comédie musicale, celle-ci crève l’écran pour son premier rôle, et ce dès les premières minutes, avec l’éblouissant “Good Morning Baltimore”, qui nous met d’emblée dans l’ambiance, tout en nous rassurant quant à la mise en scène d’Adam Shankman. Privilégiant les plans d’ensemble aux gros plans, celui-ci accroît l’ampleur d’un show qui, par l’époque de son action, et les thèmes traités (tolérance, racisme…), aurait pu faire doublon avec le récent “Dreamgirls”, mais s’en démarque par son aspect ouvertement kitsch et coloré, et le surpasse même, en n’ayant pas les côtés pesant du “film à Oscars” qui parasitaient le film de Bill Condon.
Toutefois, que les allergiques à toute note de musique passent leur chemin, parce qu’ici, ça chante et sa danse beaucoup (parfois au détriment d’une progression dramatique), ça jette même un coup d’œil vers le sirupeux sans vraiment y tomber, mais, surtout, passé sa brillante entrée en matière, “Hairspray” nne s’évente pas, et nous offre un spectacle emballant, aussi entraînant que rafraîchissant.