La version d'origine n'altère finalement ni en bien ni en mal la valeur de ce polar de Tsui Hark. Elle apporte, certes, quelques scènes supplémentaires intéressantes, dont celle notamment - très courte - de la confection d'une bombe, elle modifie aussi quelque peu le pitch de base (cette fois, c'est de par l'explosion d'une petite bombe dans un cinéma et non l'écrasement d'un piéton sur une route que les protagonistes du film, à savoir trois étudiants et une jeune délinquante paumée, s'unissent afin de commettre des méfaits), mais elle détient également une jolie petite pléthore de séquences totalement superflues, qui ne font que nuire à un ensemble déjà bien comblé en bavardages et temps morts laborieux. Globalement, les caractéristiques de L'ENFER DES ARMES version director's cut s'apparentent donc dans les grandes lignes à celles du montage sorti en salles: une ambiance urbaine suintante, une bande-son impeccable (surtout si les scores "empruntés" appartiennent originellement à celle de ZOMBIES ou encore LES GUERRIERS DE LA NUIT; aussi cette démarche peut-elle paraître en l'occurence douteuse), mais une interprétation générale peu crédible (les trois petits étudiants flanqués de leurs lunettes et de leurs coiffures grotesques, stéréotypés au possible), une narration parfois assez foutraque, ainsi qu'un rythme mollasson, donnant le feu vert aux dialogues mornes et aux longueurs inutiles. Inutile par ailleurs de crier encore aujourd'hui au pamphlet ultra-violent parce que censuré à sa sortie: L'ENFER DES ARMES, son nihilisme quelconque et ses quelques petits mitraillages arrosés de peinture rouge apparaissent aujourd'hui fort gentillets, à l'aune des maints brûlots cinématographiques dérangeants pondus entre temps. Malgré ses maladresses se voulant inostensibles, ce métrage qui transpire la mauvaise odeur des bas-fonds de Hong-Kong peut néanmoins s'imposer comme la première (petite) réussite de Tsui Hark. Les deux versions du film sont à voir.