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Ricco92
224 abonnés
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3,5
Publiée le 31 mars 2024
La Ricotta (connu aussi en France sous le titre Le Fromage blanc) est certainement le sketch le plus célèbre de Rogopag. C’est également la première fois où Pier Paolo Pasolini abordait le registre comique avec un humour proche de celui de Des oiseaux, petits et grands qu’il tournera trois ans plus tard. Cet humour passe à la fois par des dialogues, des clins d’œilspoiler: (le réalisateur incarné par Orson Welles lisant Mamma Roma qui n’est autre le précédent film de… Pier Paolo Pasolini) , des effets de décalagespoiler: (le chien qui parle au lieu d’aboyer) et des effets de réalisation (les accélérés). Si le cinéaste offre un style plus léger, il n’en a pas pour autant perdu son parfum de scandale. Ainsi, il continue à évoquer la lutte des classes et la description des souffrances des miséreuxspoiler: en faisant tenir des propos marxistes critiquant la société italienne à Welles et aux acteurs jouant les crucifiés ou en montrant Stracci moqué à cause de sa faim insatiable et qui ne sera l’objet de compassion qu’au moment de sa mort . Mais ce qui fit vraiment scandale à l’époque est le fait que le tournage montré représente des séquences bibliques (reproduisant les tableaux La Déposition de Croix de Rosso Fiorentino et La Déposition de Pontormo) mises en exergue par l’utilisation de la couleur alors que le reste du film est en noir et blanc (comme tous les autres sketchs d’ailleurs). Cette utilisation de la religion a été jugé blasphématoire et a valu à Pasolini une condamnation à 4 mois de prison avec sursis pour "outrage à la religion d’État" mais il faut avouer qu’il est difficile de nos jours de trouver ces visions extrêmement choquantes ou en tout cas dignes de telles attaques. Heureusement pour le cinéaste, le Procureur de la République retira sa plainte en appel et ordonna un non-lieu. Il faut dire que le film suivant du réalisateur était L’Évangile selon saint Matthieu (que l’on peut voir comme le prolongement de ce moyen-métrage) qui l’avait réconcilié avec l’Église puisqu’il représentait l’Italie à la Mostra de Venise où il reçut le Lion d’argent et surtout le Grand Prix de l’Office catholique du cinéma. Les amateurs de Pasolini n’hésitent donc souvent pas à évoquer La Ricotta lorsqu’ils parlent de sa carrière (alors que les courts et moyens métrages sont rarement cités quand on parle d'un metteur en scène) tant il est symptomatique de son style que ce soit par son traitement de l’humour que par ses thématiques.