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Caine78
6 796 abonnés
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4,0
Publiée le 21 décembre 2008
Aussi bien film policier que passionnante plongée dans l'Allemagne Nazie, "Les SS frappent la nuit" est l'image de la réussite aussi bien que sur la forme. On s'intéresse d'emblée à des personnages loin d'être caricaturaux, Siodmak évitant toute complaisance mais également tout manichéisme. Il nous est ainsi beaucoup plus facile d'apprécier la construction mise en place, s'appuyant aussi bien sur l'aspect politique que sur les meurtres de femmes, sans que l'un ou l'autre n'étouffent l'autre à un quelconque instant. Doté qui plus est d'une photographie particulièrement remarquable, c'est donc peu dire que l'oeuvre réussit son pari à tous les niveaux, se faisant en conséquence grandement recommandable pour tous. Un grand cru.
Ce classique du grand réalisateur allemand Robert Siodmak dépeint lhistoire dun tueur en série et dans la lignée de "M le maudit" qui nous montrait le crépuscule de la république de Weimar, ce film situé en 1944 nous expose la fin de lère nazie. Le scénario est dailleurs basé sur des faits historiques et raconte lhistoire dun "serial killer" qui aurait tué entre 50 et 80 femmes. Lorsquune serveuse est assassinée, linspecteur Kersten chargé de lenquête arrive à tisser un lien entre ce simple meurtre et des dizaines dautres accompli de la même manière, à savoir par étranglement. Il déploie alors tous ses efforts pour faire innocenter un simple fonctionnaire accusé du crime et pour rechercher le tueur en série toujours en liberté. Face à lAppareil SS, linspecteur Kersten cherche à faire triompher la vérité; face au criminel de masse, il veut faire inculper le criminel individuel. Cette étude approfondie de cette dichotomie, de cette culpabilité bicéphale en quelque sorte, est profondément intéressante. Le jeu des acteurs est particulièrement bon, on retiendra surtout linterprétation de Mario Adorf tout simplement énormissime dans la peau du criminel de masse, Robert Lüdke. Ce personnage est aux antipodes dun M le Maudit hanté par ses crimes. Lüdke se présente lui, toujours goguenard, toujours amené à déverser sa gouaille malgré latrocité de ses méfaits. Son aspect débonnaire et naïf parvient dailleurs à nous faire oublier sa monstruosité. Au niveau de la réalisation, Siodmak auréolé de son succès américain délivre ici un film abouti de bout en bout, où il joue constamment sur la duplicité du crime, des scènes et de la lumière. La scène du crime au début du film où le jeu tout en clair obscur permet de découvrir progressivement le visage du tueur est d'ailleurs très marquante. On peut donc dire que ce film doté dun scénario passionnant et dune réalisation parfaite tient en plus grâce à sa valeur historique, la place de chef duvre du cinéma allemand.