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benoitparis
113 abonnés
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4,0
Publiée le 15 mai 2010
La métaphore de la folie criminelle aura été la plus constante du cinéma allemand pour décrire la montée du nazisme comme sa politique effective. Dans le film de Siodmak elle est utilisée à froid, une fois le désastre accompli. L'intérêt propre des "SS frappent la nuit" c'est de dresser un tableau réaliste, non caricatural d'un IIIè Reich finissant, où les bâtiments endommagés par les bombardements sont à l'image du pays, et où les gens désabusés se réfugient dans l'alcool ou l'humour cynique. C'est aussi de montrer concrètement l'horreur d'un régime à travers le cas d'un enquêteur intègre victime de l'arbitraire du pouvoir, de montrer finalement que les allemands ordinaires auront été ses premières victimes. Mention spéciale pour la qualité des décors, de la photo.
Plongée dans l'Allemagne nazie de 1944, doublée d'une trame policière irréprochable font de ce film une réussite. L'enquête policière permet au réalisateur de décrire le fonctionnement du régime nazi et ses atrocités (comment, au nom d'une idéologie, faire peu de cas de la vie humaine et de la justice). Terrifiant mais salutaire.
Aussi bien film policier que passionnante plongée dans l'Allemagne Nazie, "Les SS frappent la nuit" est l'image de la réussite aussi bien que sur la forme. On s'intéresse d'emblée à des personnages loin d'être caricaturaux, Siodmak évitant toute complaisance mais également tout manichéisme. Il nous est ainsi beaucoup plus facile d'apprécier la construction mise en place, s'appuyant aussi bien sur l'aspect politique que sur les meurtres de femmes, sans que l'un ou l'autre n'étouffent l'autre à un quelconque instant. Doté qui plus est d'une photographie particulièrement remarquable, c'est donc peu dire que l'oeuvre réussit son pari à tous les niveaux, se faisant en conséquence grandement recommandable pour tous. Un grand cru.
Un film qui aborde un thème très complexe : le principe de justice sous le troisième reich. Le réalisateur dépeint les mécanismes de l'infernale machine nazie et l'inégalité de son système judiciaire.
"Les SS frappent la nuit" est un film policier ayant la particularité de se dérouler durant la fin de l'Allemagne nazie. Le contexte historique et politique ne fait pas de la figuration puisque le film pointe du doigt l'absurdité d'un régime qui n'hésite pas à sacrifier un innocent et ses valeurs juridiques pour sauver la face. L'intrigue est solide bien que rarement palpitante. Il lui manque l'ambiance adéquate et le génie que l'on pouvait retrouver, par exemple, dans "M le Maudit de Fritz Lang", autre film sur un tueur en série. Un peu trop froid en somme... Cela reste un bon long métrage à visionner au moins une fois.
Je trouve que l'action est longue à démarrer et l'on comprend au fil du récit que le problème vient du fait que les meurtres ont pu avoir lieu car les SS traquaient d'autres gibiers. La quête du vrai coupable est comme une honte pour les gruppenführer qui n'ont pas pu agir contre.
Siodmak n'a pas fait un film qui utilise le meurtre individuel comme vecteur d'analyse et de condamnation du crime de masse orchestré par l'Allemagne nazie, il utilise un fait divers réel pour en montrer l'exploitation politique et idéologique qui en est faite. Mais avant tout son film est un vrai polar à l'image noire et blanc somptueuse, et s'il est impeccablement scénarisé pour maintenir l'intérêt, c'est au profit de quelques concessions à sa crédibilité (spoiler: comme la scène de la femme qui révèle qu'elle est juive ).
"Les SS frappent la nuit", aussi connu sous le titre "La nuit quand le diable venait", est un film allemand en noir et blanc qui fut nommé à l'Oscar du meilleur long métrage en langue étrangère en 1957.
On y suit à la fois un tueur en série simplet et un flic chargé de le retrouver et qui doit se battre avec la hiérarchie nazie qui tente d'étouffer l'affaire pour préserver sa réputation.
L'histoire est intéressante. Elle est construite de façon assez moderne avec un montage dynamique, des plans serrés sur les cadavres, des va-et-vients entre la vision du tueur et celle du flic, etc ...
Ce film m'a parfois fait penser à "M le Maudit", autre film allemand en noir et blanc sur un tueur durant la 2nde Guerre Mondiale : un personnage assez limité, de l'injustice, des traques, des nazis ... Je pense que cette oeuvre a été une inspiration pour "Les SS frappent la nuit".
Pour autant, je me suis un peu ennuyé parce que je n'ai pas ressenti grand chose pour les personnages. J'ai été assez peu impliqué émotionnellement parlant, hormis pour le chef nazi dont le personnage est formidable avec ce cynisme et ce flegme. Mais, par exemple, le tueur m'a laissé indifférent.
Dès lors, s'il n'y a pas d'implication émotionnelle, vous pourrez trouver qu'objectivement l'histoire est bonne et que le film est bien réalisé, mais subjectivement l'oeuvre laissera peu de traces en vous et vous aurez eu le sentiment de l'avoir survolé. Dommage.
Très bon polar de Robert Siodmak, sur fond de guerre, vue du côté des SS. Le film possède un aspect documentaire assez unique qui rend le film passionnant. Mario Adorf incarne un pseudo-demeuré assassin avec une brutale conviction qui fait froid dans le dos.
Film de fin de carrière pour Siodmak après son retour en Europe. Il s’agit de la traque d’un serial killer pendant la deuxième guerre mondiale en Allemagne. Le film hésite entre les genres : film noir, politique ou thriller. Le film ne recèle pas beaucoup d’intérêt mais une deuxième vision changera peut-être une opinion sans doute un peu trop sévère car Noël Simsolo dans les bonus du DVD est très enthousiaste dans ses propos lors du survol de la carrière de Siodmak. Quoiqu’il en soit on est loin de sa période créative des années 40 et 50 où Siodmak s’est affirmé à Hollywood comme un des maîtres du film noir.
J’utilise la version du titre qui traduit littéralement le titre original : Nachts, wenn der Teufel kam. J’aurais aussi pu choisir Les SS frappent la nuit, l’alternative moins portée sur la diabolisation du nazisme & plus apte à transmettre l’américanophilie de Robert Siodmak.
La possibilité du choix, en tout cas, est un joli reflet de la nature même du film, qui fait douter d’entrée : qu’est-ce que cet officier nazi sympathique & cet humour qui fait tache dans une Allemagne en guerre & bombardée elle-même ? Le mélange entre expressionnisme & film noir est en tout cas flagrant & aussi frustrant que passionnant, car ce sont les poncifs des deux genres qui sont recyclés dans une œuvre aussi nouvelle que réchauffée, un véritable hybride.
Toutefois, sa nature germanique & l’attachement qui est apporté aux petits gestes & aux grandes expressions (“il verse des larmes de joie dans son calice d’amertume”, dicunt les sous-titres) le place définitivement en marge de ses inspirations tandis que le choix de la guerre comme thème principal lui donne un faux air de précurseur au thriller. Mais ce n’est pas là qu’il est visionnaire.
La réussite de Siodmak se situe essentiellement dans ce qu’il arrive, avec un montage rapide & dense typiquement américain, à construire une histoire policière à partir de l’arrière-plan nazi ; ce dernier ne devient pas la raison d’être à tout comme le cinéma nous y a habitués, mais demeure une simple ressource qu’il se permet de modeler seulement dix ans après la fin de la guerre, & en Allemagne avec ça. Voilà où l’œuvre est en avance. Voilà ce qui la rend discrète à moins d’avoir le contexte historique bien en tête.
Le cinéphile a la chance, aujourd’hui, que la guerre & les nations patriotiques à reconstruire soient suffisamment loin pour permettre une analyse globalement démoulée des dissensions politiques, historiques & cinématographiques dont il découle. Il y a de quoi, par contre, s’étonner de la vitesse à laquelle le monde s’est découvert un attrait pour la Nuit de Siodmak. Comme quoi la lumière qui est faite sur l’affaire Bruno Lüdke, non contente de ne jamais laisser transparaître qu’elle est inspirée du vrai criminel éponyme, ne surfait (du verbe “surfer”, pas “surfaire”) sur aucune vague stylistique malgré les apparences.
L’intégration du film criminel dans l’Allemagne propagandiste & ultra-administrative est brillante, elle dévie la manipulation des faits jusqu’à ce que l’État se manipule lui-même, & finalement… c’est le film qui est manipulateur. Voilà le signe d’une réussite mais aussi que Siodmak, l’air de rien, a créé une véritable “poudrière des balcons” !
S’il ressemble par bien des aspects à M le Maudit, Les SS frappent la nuit retourne néanmoins la trajectoire suivie par Fritz Lang pour faire du tueur en série sévissant en Allemagne non pas l’objet d’une chasse à l’homme avec, en creux, un discours de bouc émissaire censé purger les passions des habitants, mais au contraire le spectre d’une justice nazie pas si infaillible que ça et qu’il convient d’enfermer loin des regards indiscrets. La locomotive qui expédie l’inspecteur sur le front parce qu’il en sait trop atteste d’ailleurs, entre deux de ses portes, le matraquage idéologique et le culte de la performance : « les roues ne roulent que pour la victoire », lit-on. Aussi Siodmak pense-t-il sa mise en scène comme un art du dévoilement : tout ce qui d’ordinaire reste caché gagne le premier plan et s’exhibe. On pense aux mains baladeuses d’un officier, à la réification des femmes jugées pour la forme de leur poitrine moulée de blanc, à cet ivrogne aussi qui s’amuse à transpercer les supports amovibles de son doigt, répétant lourdement le viol à venir. Le film date de 1957 et s’avère pourtant d’une modernité déroutante : l’exploitation des femmes par des mâles aux besoins bestiaux n’est pas sans résonner avec notre actualité, tout comme la propension gouvernementale à étouffer des affaires qui pourraient nuire à son image, à minimiser les faits, à trouver de faux coupables. Ce que Les SS frappent la nuit donne à voir et à vivre, c’est le refus d’un état totalitaire à accepter les failles de son système : qu’un tueur en série agisse impunément depuis plus de dix ans n’est pas idéologiquement décent, il faut l’écarter, il faut l’étudier. Mettre en boîte, étiqueter. Disséquer, tuer. Or, ce mal dont souffre le criminel rejoue dans un corps plus petit le mal qui sous-tend l’édifice nazi : comme l’a bien montré à une autre époque Robert Burton dans Démocrite Junior à son lecteur, les troubles politiques dont souffrent les royaumes sont analogues à ceux dont souffre le corps humain. Et la juxtaposition des deux échelles – celle de l’enquête de police, celle de la Seconde Guerre mondiale – offre au spectateur un tableau saisissant de l’Allemagne en 1944, à quelques mois de la chute de son régime politique. Un très grand film au propos brûlant et à l’imagerie magnifique.
c'est magnifiquement filmé, façon cinéma expressionniste, mais le scénario est d'une débilité accablante et la reconstitution fantaisiste et très édulcorée, fin années 50 en Allemagne (!!) de la fin du 3ème Reich soit 1944 est sidérante.
Ce classique du grand réalisateur allemand Robert Siodmak dépeint lhistoire dun tueur en série et dans la lignée de "M le maudit" qui nous montrait le crépuscule de la république de Weimar, ce film situé en 1944 nous expose la fin de lère nazie. Le scénario est dailleurs basé sur des faits historiques et raconte lhistoire dun "serial killer" qui aurait tué entre 50 et 80 femmes. Lorsquune serveuse est assassinée, linspecteur Kersten chargé de lenquête arrive à tisser un lien entre ce simple meurtre et des dizaines dautres accompli de la même manière, à savoir par étranglement. Il déploie alors tous ses efforts pour faire innocenter un simple fonctionnaire accusé du crime et pour rechercher le tueur en série toujours en liberté. Face à lAppareil SS, linspecteur Kersten cherche à faire triompher la vérité; face au criminel de masse, il veut faire inculper le criminel individuel. Cette étude approfondie de cette dichotomie, de cette culpabilité bicéphale en quelque sorte, est profondément intéressante. Le jeu des acteurs est particulièrement bon, on retiendra surtout linterprétation de Mario Adorf tout simplement énormissime dans la peau du criminel de masse, Robert Lüdke. Ce personnage est aux antipodes dun M le Maudit hanté par ses crimes. Lüdke se présente lui, toujours goguenard, toujours amené à déverser sa gouaille malgré latrocité de ses méfaits. Son aspect débonnaire et naïf parvient dailleurs à nous faire oublier sa monstruosité. Au niveau de la réalisation, Siodmak auréolé de son succès américain délivre ici un film abouti de bout en bout, où il joue constamment sur la duplicité du crime, des scènes et de la lumière. La scène du crime au début du film où le jeu tout en clair obscur permet de découvrir progressivement le visage du tueur est d'ailleurs très marquante. On peut donc dire que ce film doté dun scénario passionnant et dune réalisation parfaite tient en plus grâce à sa valeur historique, la place de chef duvre du cinéma allemand.