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Caine78
6 741 abonnés
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4,0
Publiée le 3 mars 2012
Etonnant de voir deux noms a priori aussi différents se rejoindre le temps d'un projet. Francesco Rosi et Alberto Sordi ont beau être deux personnalités passionnantes, on n'imaginait pas forcément que leur rencontre pourrait donner quelque chose de totalement réussi. C'est pourtant le cas avec « Profession Magliari », itinéraire tragi-comique d'immigrés italiens en Allemagne. On y trouve en effet aussi bien le réalisme du réalisateur de « Cadavres exquis » que la verve comique du héros de « L'Argent de la vieille », qui donnent à cette histoire assez triste quelque chose d'étonnant, d'irrésistible parfois, de nettement plus mélancolique à d'autres moments, notamment sur la fin. L'histoire d'amour avec la superbe Belinda Lee s'intègre à ce titre parfaitement au ton, entre coeur pur et cynisme revendiqué, ce qui n'empêche pas Rosi de donner beaucoup d'allure à l'ensemble. Car l'oeuvre a beau être réaliste, cela ne l'empêche pas d'être filmée avec élégance et originalité, comme en témoigne nombre de seconds rôles semblant tout droit sortis d'un film de Martin Scorsese. Du bon cinéma, aussi convaincant dans son aspect parfois délirant que dans son constat social peu réjouissant.
Pas mauvais mais pas forcément un grand film italien, Profession Magliari relate l'histoire d'un émigré italien ayant perdu son boulot en Allemagne et il va rencontrer un compatriote joué par Alberto Sordi qui va le sortir de son pétrin en l'embarquant dans diverses combines pour arnaquer les gens. Ca débute plutôt bien et pendant je dirais une demi-heure ce film est prenant puis soudain je ne sais pas vraiment ce qui m'est arrivé mais j'ai ressenti une cassure dans le récit et je ne suis plus parvenu à m'intéresser au film. Francesco Rosi ne livre pas son meilleur film, l'ambiance n'a pas cette vivacité habituelle au cinéma italien, certaines scènes traînent inutilement ; l'histoire d'amour entre Renato Salvatori et Belinda Lee ne m'a pas touché, cette dernière étant notamment assez froide et le futur époux d'Annie Girardot a un jeu ici qui manque de consistance. Tout cela finit de manière amère sinon Profession Magliari vaut surtout pour la prestation de Sordi qui est toujours impeccable, il est amusant quand il baragouine en allemand.
Sur la longueur, le film est passablement ennuyeux. Le thème ne se renouvelle pas du tout et l'histoire se répète tout le temps. Ça donne l'impression d'être les "Vitelloni" en Allemagne qui font leurs petits trafics d'exilés mais qui ne nous intéresse pas vraiment et surtout en pas drôle du tout. Décevant
Il ne manque qu’un « de » à Sordi pour faire le parfait arnaqueur, le bipolaire professionnel. Mais ce serait au personnage entier de l’être, pas au film. Démarrant fort bien dans la comédie, pressant la diaspora italienne en Allemagne pour en retirer humour et faux bilinguisme hilarant, le film devient d’un coup très sombre, mafieux, une sorte de Quaie des brumes hambourgeois qui s’embourgeoise.
Le personnage de Renato Salvatori découvre lui aussi que le monde de l’arnaque est une collaboration soupe-au-lait, où la confiance se prête et ne se donne pas. Mais on en perd l’intérêt qu’ont les protagonistes à se marcher sur les pieds ; le délit et la moralité veulent être minimisés mais se trouvent juste aplanis. Les colères de Sordi et ses mimiques convaincantes n’y changeront rien : romance inachevée, thriller laissant de marbre et quête de maturité superflue, l’œuvre est dénuée de tous les crochets qui pourraient nous intéresser à sa forme.
Ce n’est qu’en 1979, soit vingt ans après sa réalisation, que ce quatrième long-métrage de Francesco Rosi (le deuxième réalisé en solo après La sfida un an plus tôt) fut exploité dans les salles françaises ! Resté longtemps rare, Profession magliari propose pourtant une rencontre inattendue et qui demeurera unique entre un réalisateur néoréaliste (Francesco Rosi) et un acteur de comédie (Alberto Sordi), deux artistes œuvrant dans des registres éloignés. Le fruit de cette rencontre convainc sur de nombreux points même si le film pâtit d’un rythme pas toujours assuré et d’une séquence un peu caricaturale (vente de tapis à une allemande). Les deux personnages principaux sont incarnés par Alberto Sordi, parfait marchand itinérant aussi volubile que cynique, et Renato Salvatori qui peine à se hisser au niveau de son compagnon de jeu. Autour de ces deux protagonistes, Rosi parvient à faire vivre de nombreux personnages secondaires et magnifie la beauté de Belinda Lee. À travers son cinéma néoréaliste, le metteur en scène réussit dans ce film à déplacer d’un certain microcosme italien en Allemagne (Hanovre puis Hambourg) en suivant la trace des « magliori ». La survie de ces immigrés et marchands italiens passent par quelques combines au sein de réseaux commerciaux souterrains confrontés à la concurrence d’autres immigrés (Polonais). La belle bande originale peuplée de hits des années 50 contribue à cette restitution subtile. Entre comédie italienne, romance latine et la toujours présente nostalgie du pays, Rosi rend compte des conditions de vie de ces immigrés italiens en Allemagne ce qui vaut pour constat social. Notons au passage la belle exploitation de la profondeur de champ sur les scènes de groupe (l’action à suivre n’est pas nécessairement celle présentée au premier plan). Au final, Profession magliari fait mouche et trouve sa place parmi les œuvres tragicomiques à voir.