Le célèbre psychopathe Michael Myers enterré à jamais ? Vu la dégringolade de la franchise Halloween avec le dernier opus à l’époque (l’ignoble Résurrection), le serial killer imaginé par John Carpenter n’était plus qu’à deux doigts de prendre sa retraite et de tomber dans l’oubli. Mais, magie du cinéma et (surtout) quête des pépètes obligent, il a fallu d’une nouvelle période dans l’histoire des films d’horreurs pour que Myers revienne hanter les salles obscures. Cette époque, c’est celle des années 2000 durant laquelle bon nombre de remakes d’œuvres cultes ont vu le jour, flirtant avec le succès commercial (Massacre à la Tronçonneuse) et parfois critique (La colline a des yeux). L’occasion donc pour la saga Halloween de s’offrir un regain de santé et une nouvelle jeunesse ! Réussie pour autant ? À la grande surprise générale, oui !
Il aura fallu attendre 29 ans, ainsi que d’innombrables suites à la qualité plus que douteuse, pour que le long-métrage originel se trouve un digne successeur. Attendre que la production veuille bien lancer cette idée de remake et décide de laisser le projet entre les mains d’un gars talentueux. Ce dernier, c’est Rob Zombie, chanteur et musicien de metal qui s’était illustré à la réalisation avec l’atypique The Devil’s Reject. Film qui avait marqué les esprits car traitant une famille de criminelle comme des personnages attachants et imposant la patte personnelle de son cinéaste. Bref, exactement ce qu’il fallait pour Halloween version 2007 pour redorer le blason de la franchise… à condition que la production lui laisse carte blanche, bien évidemment ! Pour notre plus grand bonheur, c’est le cas, nous permettant de voir que Zombie fait partie de ces rares réalisateurs à avoir compris ce qu’était un remake.
Beaucoup pensent que la définition est de faire un copié-collé de l’œuvre originelle. Pas du tout ! Un véritable (et bon) remake est un film qui reprend les bases de son modèle dans le but de le moderniser mais aussi de permettre au cinéaste de proposer sa propre vision de celui-ci. Ce que fait ici Rob Zombie sans aucune retenue, préférant prendre une bonne heure de son long-métrage (à peu près) à nous présenter la jeunesse du psychopathe là où le film de Carpenter allait directement à l’essentiel pendant ses deux premières minutes. Un choix des plus risqué, étant donné qu’en faisant cela, Zombie nous livre une toute autre facette du tueur, qui casse littéralement avec son image de croquemitaine légendaire. Ici, il s’agit ni plus ni moins d’un être humain qui va perdre toute humanité car se sentant persécuté (
à l’école, par son beau-père, son envie de meurtre…
) et devenir le monstre que tout le monde connaît. Les fans de la première heure seront sans l’ombre d’un doute suspicieux face à ce tout nouveau portrait, mais ils pourront découvrir un protagoniste qu’ils comprendront et auquel ils s’attacheront pour le coup sans mal (à la manière des protagonistes de The Devil’s Reject). Et c’est l’atout principal de ce remake, quoique peuvent en plus les plus sceptiques !
Là où ce nouvel Halloween peut se montrer critiquable, c’est bien dans sa seconde moitié. Et pour cause, celle-ci retombe dans le film d’horreur bateau durant lequel un tueur masqué pourchasse de jeunes ados avides de sexe et se montrant totalement imprudents (et débiles). D’autant plus que le long-métrage, comme la majorité des représentants du cinéma horrifique, souffre de carences scénaristiques assez visibles (le serial killer étant à plusieurs endroits en un temps record) et d’un casting pas bien folichon. Sans compter que cette fois-ci, le réalisateur reprend sans tabou les scènes et situations du film originel, sans véritablement innover. Mais au moins, Rob Zombie possède suffisamment de talent pour rattraper les meubles. À savoir livrer une mise en scène et un montage nerveux pour rendre les séquences violentes et dynamiques (à défaut d’effrayer). Tout cela dans le but de dépoussiérer complètement Michael Myers, qui n’était plus qu’un psychopathe lent et bourrin dans les derniers opus, à l’instar de Jason Voorhees. Il suffit de voir son look, qui perd ici en ringardise et regagne en présence, en puissance. Par là, il faut comprendre que le tout ne manque pas d’efficacité ni de panache, ce qui place le film largement au-dessus des autres productions similaires.
Véritable résurrection du mythe de Michael Myers, Halloween de Rob Zombie aura su redonner de l’intérêt à une célébrité de l’horreur qui commençait sérieusement à dépérir. Le cinéaste, tout en prenant bon nombre de risques en imposant sa vision, nous offre un vrai remake faisant honneur à son personnage principal et au film de Carpenter. Certes, l’ensemble révèle quelques faiblesses dans sa seconde partie, mais le visionnage de cet Halloween vaut largement le détour ! Bonne pioche pour la saga !