Pris séparément, OSS 117 Rio ne répond plus est sans doute aussi exaltant, donc réussi, que le précédent Le Caire nid d’espions. Pour autant, en comparaison, ce deuxième périple de l’agent secret français le plus imbattable dans l’ignorance et dans la maladresse ne possède pas l’atout si rafraîchissant de son aïeux. Alors que Jean Dujardin et Michel Hazanavicius avaient surpris tout le monde avec leur excellente collaboration, quelques années plus tôt, ici, ils sont attendus au tournant. Sans décevoir le moins du monde, oh combien non, le duo reprend les choses là où elles avaient été laissées, repartant sur les mêmes bases solides, pour envoyer cette fois-ci le dénommé Hubert, avec toute sa bêtise hilarantes, en mission au Brésil. Parti pour un simple échange, voilà notre agent embarqué dans une chasse au nazi en plein pays en développement.
OSS 117 commet toujours les mêmes impairs, s’enorgueillis toujours de sa médiocrité, pour notre plus grand plaisir. Usant toujours aussi bien du comique de situation que du ton diablement efficace des séquences de dialogues inimitables, Michel Hazanavicius n’aura pêché ici que de vouloir en faire trop. Oui, si le scénario n’est certes pas le moteur unique d’une production telle que celle-ci, il apparaît pourtant, dans Rio ne répond plus, malgré une bonne idée de base, que les choses s’éparpillent très rapidement. A l’inverse du premier volet, qui soulevait tout de même un certain mystère devant mériter conclusion, ici le script n’est que prétexte à aligner séquences de rires et dialogues ambigus. Si, dans le fond, cela n’est pas foncièrement préjudiciable au film, dans sa globalité, un scénario un tant soit peu intéressant n’aurait pas dépareillé dans un film par ailleurs aussi drôle qu’escompter.
Jean Dujardin, éprouvant visiblement un plaisir authentique à incarner cette quintessence du chauvinisme ignorant d’autrui, démontre une nouvelle fois son talent comique, indiscutablement son atout majeur. Chaque apparition, et elles sont nombreuses, du bonhomme amènent rire et moquerie, le tout à un rythme diablement soutenu. En gros, OSS 117 n’en manque pas une et encore une fois, il s’avère aussi constant dans la bêtise que peut l’être son modèle, James Bond, dans la stature et l’élégance. L’acteur possède non seulement la tête de l’emploi mais excelle dans toute ses démarches, toujours aux aguets pour sortir une bêtise, toujours alerte pour se rendre ridicule mais attachant. Rio ne répond plus, en ce sens, est l’égal de son grand frère, une très belle référence au genre de l’espionnage, en mode année 60, ainsi qu’une comédie délirante qui remplit honorablement son cahier des charges.
Plus encore que dans Le Caire nid d’espions, c’est ici la différence des cultures qui amènent souvent à rire bien fort. L’homme s’attaque cette fois-ci aux israéliens et leur sens de la justice, aux allemands et à leur histoire honteuse ainsi qu’aux asiatiques, à leur culture dont le héros ne saisit rien et dont il se moque généreusement. Les barrières de la langue sont-elles-aussi mises en avant, aux travers de séquences certes grossières mais hilarantes avec un agent américain en poste à Rio. En gros, ce second volet de OSS 117 par le remarquable metteur en scène qu’est Michel Hazanavicius est une seconde réussite, certes amoindrie par quelques errements narratifs. 16/20