"Délicatesse" est le premier mot qui me vient à l'esprit quand je pense à ce film. Délicatesse et beauté : des images aux costumes en passant par les paysages, sans oublier cette façon d'accorder de l'importance à un geste ou à un rideau qui se gonfle au vent... J'ai adoré ce film, poétique, vibrant, passionné, où jamais porutant les personnages ne consomment leur idylle. Quelle belle leçon de cinéma Jane Campion apporte à tous les réalisateurs qui en font trop! Elle parvient à nous donner l'envie d'aimer avec une main posée délicatement sur une cloison, ou des papillons voltigeant dans une chambre d'amoureuse transie... Ajoutez à cela une partition musicale extraordinaire, et vous avez un chef-d'oeuvre! Mon seul regret : que mon niveau d'anglais ne m'ait pas permis de me passer des sous-titres, car traduire de la poésie est un non-sens.
On connaît la délicatesse du cinéma de Jane Campion qui nous avait enchanté en 1992 avec sa « Leçon de piano » qui voyait une femme révélée brutalement à sa sexualité par une sorte d’ermite joué par Harvey Keitel. Ici point de sexualité mais un romantisme exacerbé incarné par le jeune poète anglais maudit, John Keats. Le film ne dit pas grand-chose du point de vue narratif puisque tout se concentre sur la passion amoureuse d’une jeune fille de bonne famille pour un jeune poète certes brillant mais désargenté et surtout malade et condamné à brève échéance par la tuberculose . Pour pouvoir vivre son amour elle doit braver les entraves de la société anglaise du début du XIXème siècle . Ils ne sont pas beaucoup à pouvoir réaliser de tels films où l’essentiel passe par les regards échangés et les atmosphères. Campion, tels Kubrick, Ivory et Polanski y parvient haut la main contribuant pour beaucoup à la grâce qui entoure le jeu tout en finesse des acteurs. John Keats était un poète aux envolées lyriques désormais reconnues ; Jane Campion avec son joli film lui rend le plus bel hommage qui soit.
Magnifique! Une Jane Campion à la hauteur de ses promesses. A magistralement su rendre l'ambiance romantique de la poésie de Keats. A voir en VO pour la musicalité de la langue.
De très beaux moments d'émotion jalonnent ce film. Nous rions avec eux, nous pleurons avec eux, nous souffrons avec eux... la musique, la lumière, la mise en scène, tout est parfait. Les acteurs sont excellents...Laissez-vous envoûter !
Il est évident que Jane Campion a un sens de l’image hors du commun. Les costumes, concoctés au petit point, sont aussi fascinants qu’un défilé de mode de Jean-Paul Gaultier. Les atmosphères sont envoûtantes, les paysages brumeux à souhait, la lumière quasi surnaturelle et les acteurs sont délicieux, pas de problème là-dessus. Mais tout ça au service de quoi ? Sur le plan sociologique, on nous démonte l’articulation entre la situation financière du jeune homme et sa prétention à mettre la jeune fille dans son lit. Intéressant, mais ça ne fait pas un film. Sur le plan littéraire, on sort de la salle avec le sentiment que toute la production poétique du grand Keats n’était finalement qu’un recueil de sous-titres pour ses émois amoureux. Là je m’insurge carrément. L’un dans l’autre, la tétralogie de science-fiction de Dan Simmons (Hypérion, la Chute d’Hypérion, Endymion et l’Éveil d’Endymion) rend un bien meilleur hommage à Keats. A voir, donc, en remplaçant la bande-son par une belle musique d’époque. Les Nocturnes de Chopin par Rubinstein, par exemple. Ils ne devraient pas être trop difficiles à se procurer : l’année dernière, l’Express nous avait fait le coup de l’intégrale à 2 euros scotchée au journal et cette année, c’est le Monde qui s’y colle. Il y a des œuvres, comme ça, qui doivent tomber violemment dans le domaine public en éclaboussant partout.