Film de genre un peu vieillot mais cru, désespérant, avec une scène d'entrée glauque (attention, âmes sensibles). Dans ces Etats-Unis ultra-conformistes, voici des personnages ordinaires tous plus ou moins déséquilibrés, livrés corps et âme à l'argent. New-York et banlieue: des nouvelles générations pourries par le fric, une sincérité à vau-l'eau, l'empathie hypocrite, le règne des apparences... S'il se contente de "filmer une réalité", Sidney Lumet dénonce, dans cette société américaine en décomposition, l'égocentrisme, la paranoïa, le libre port d'armes, les mensonges, la fin des solidarités, le diktat de l'argent. Le personnage principal, Andy Hanson (Seymour-Hoffman), se refuse à confier ses failles, ses faiblesses; fuyant son sentiment d'échec, il s'enfonce dans une spirale destructrice. On a aussi une dénonciation cinglante de la déliquescence de la famille, de la fin des valeurs d'honneur: film moraliste, réactionnaire ou simplement cynique, lucide? En tous cas on a l'impression d'un goût de déjà-vu. D'abord, on aurait aimé une autre fin que cette fin classique, improbable... Le film puise son originalité dans le traitement du sujet (le braquage) et dans le système d'allers-retours sur l'action, qui donnent à en savoir plus sous divers angles. Le tout repose sur un suspense moyen (on devine tout de même un peu où ça mène) et une certaine tension psychologique (de par un bon jeu d'acteurs), ce qui n'empêche pas une sensation de lourdeur de s'installer, sinon de malaise, et de salopage à cause d'une fin trop classique.