En faisant fi du passé du réalisateur, on ne peut qu'apprécier ce road movie sur fond de bluette. Pris pour ce qu'il est, un film aux couleurs chatoyantes, à l'abus de ralentis pesant par leurs saccades, de superpositions d'images, de saturation, de brillants, etc... on regrette le trop de. Trop de tout ça, pour finalement nous livrer une conclusion digne des parcours initiatiques certes fondamentaux, mais trop trop basique! pas de subtilité, pas de contraste. Et plus personnellement, je regrette aussi qu'on entrevoit la tristesse uniquement à travers une histoire d'amour (il m'a quitté je souffre) ou une histoire de mort (il est mort je souffre, snif)... Il y a tellement à traiter concernant la tristesse et la solitude. Tellement autre chose qu'une énième histoire de cœur brisé pour midinettes à peine sorties de l'adolescence, ou de paternité morte (le personnage d'Harry Potter aurait racheté les droits de ce film gâteau?)... Ce n'est pas à un exercice de crachat que je me livre, mais à l'expression d'un ras-le-bol, celui qu'on nous fasse gober que de jolies images ont un sens profond, que l'esthétisme se suffirait à lui-même pour communiquer. En tout cas le pari est ici manqué. Et qu'on nous fasse aussi croire que des sentiments comme la solitude, la tristesse, la perdition, sont vécus uniquement au travers de l'amour ou du deuil, alors que justement, si l'on s'en tient à cette mémorable idée directrice du film, tout ça est au coin de la rue, enfin, en face de la rue si je m'en tiens à ce film. Voilà: simpliste, bébé cadum, et badigeonné comme un clip de musique pour jeunes et citadins égocentristes.