Wong Kar-wai sait filmer, c'est indéniable, de In the mood for love à 2046 il a prouvé son talent, a confirmé son ambiance particulière et sa photographie unique, faisant sa route de chefs d’œuvres en chefs d’œuvres sur le territoire asiatique. Avec My Blueberry Nights, sorti en 2007, il quitte son pays natale pour les États-Unis. Un changement de lieu qui pourrait détruire son ambiance. Avec au casting Norah Jones, Jude Law, Rachel Weisz, Natalie Portman et David Strathairn... tout cela annonce un film d'envergure... ou pas. Ce qui est absolument génial dans My Blueberry Nights, ce sont les plans, la photographie et les couleurs. Kar-wai arrive à faire de chacun de ces dits plans un tableau unique, beau, sensuel ou poétique. Un sens de la mise en scène hors du commun si bien que l'atmosphère du film est parfaitement installé. De ce côté là, c'est du génie, mais c'est bien le seul côté. En gros le film ça raconte comme une fille après avoir rompu, va partir faire le tour de bars des USA en tant que serveuse. Tout se passe nuit ou presque, avec des intrigues détachés les unes des autres, sans réels liens. En faites, on se rend rapidement compte que le personnage principal interprété par Norah Jones est le moins consistant de l'histoire : pas la faute de l'actrice, qui a un jeu correct, mais du scénariste qui s'est largement plus attardé sur les "seconds rôles", bien plus développés, avec une histoire bien plus étoffée que celle de la personnage principale. La plupart des acteurs s'en sortent avec un jeu correct, aucun ne sort réellement du lot. Pas de grandes performances d'acting, d'autant que ça aurait apporté beaucoup à ce film. La bande-originale est sympa, sans plus. Pas de pistes phares mais le style s'accorde parfaitement avec les images de Kar-wai. Blues, Jazz, un peu de tout, mais c'est en concordance avec le reste. La musique reste en second plan mais c'est pas si mal. Ensuite, il y a le fait que le style de Kar-wai ne s'accorde pas du tout avec le territoire américain. En Chine, ça collait parfaitement, l'ambiance rappelant indéniablement celle des rues chinoises mais... là, non. Ça marche pas mal au début, mais ça part vite en cacahuète. A l'image du film, d'ailleurs: les vingt premières minutes sont extraordinaires, les cinq dernières très bonnes (toutes celles avec Jude Law en gros), mais les une heure entre les deux sont d'un ennui profond. Bref, My Blueberry Nights laisse sur notre faim, malgré une bonne mise en scène, on sent Kar-wai peu inspiré pour un road movie vite oublié.