Wong Kar-Wai aux Etats-unis, c’est évidemment très excitant et malgré les avis négatifs des critiques professionnels, on y va avec beaucoup d’espoir, avec un besoin de poésie et d’expression de la mélancolie au pays de la performance et de l’efficacité.
Les espérances s’évanouissent tellement vite…
Il semble que Wong Kar-Wai a perdu complètement sa créativité. Son film est affublé d’un scénario explicatif, inintéressant, à peine émouvant. Étonnamment, la mise en scène s’attache plus à la mise en valeur des dialogues qu’aux ambiances.
Les mouvements de caméra, les costumes (au fait, quels costumes ?), les couleurs, les décors sont fades, avec juste une légère dose d’élégance, à mille lieux des splendeurs fascinantes d’in the mood for love, qui, avec dix fois moins de mots, en disait cent fois plus sur l’amour, le manque et l’absence.
Les raisons de cette banalisation sont peut-être à chercher dans le choix des musiques, Norah Jones, c’est assez joli, c’est même assez agréable, mais ça manque de consistance… Mais plus encore que dans la décoration sonore, c’est dans l’absence des corps que le film pêche le plus. Les visages des acteurs (très beaux, d’accord) sont omniprésents, au détriment du ballet des jambes, du balancement des hanches, de l’hypnotique chorégraphie des courbes auxquels le cinéaste de Hong Kong nous avait habitués, et qui n’ont probablement pas leur place au pays de la pudibonderie…