J’ai découvert Christophe Smith avec son premier film "Creep", bande horrifique très sympathique qui s'était taillé une jolie réputation de festivals en festivals. Suite à ce premier essai réussi, j’étais assez enjoué de découvrir son second long métrage : nous suivons donc une demi-douzaine d'employés d’une entreprise d’armes qui participent à un séminaire consistant à créer des liens entre eux et à renforcer leur esprit d'équipe dans un chalet perdu à la frontière de la Roumanie et de la Hongrie. Mais au fur et à mesure de leur séjour, ils vont se rendre compte qu’ils ne sont pas les seuls dans les environs…Avec un tel pitch et, de la part du réalisateur de "Creep", on ne pouvait que s’attendre à un bel hommage sombre et gore aux survivals/slashers les plus viscéraux du cinéma…et bien Smith nous surprend une nouvelle fois en jouant cette fois-ci la carte de la comédie horrifique, arrivant à mêler les deux genres sans aucun problème : après une scène pré-générique glauque à souhait rappelant les meilleurs moments de la saga "Vendredi 13", nous sommes plongés dans une ambiance « vive les vacances » totalement décalée avec un humour omniprésent mais jamais envahissant puisqu’il se concentre principalement sur les protagonistes : entre un patron incapable de prendre des décisions, un jeunot toxico qui n’arrête pas d’avoir des illusions (formidable Danny Dyer), un type légèrement gamin qui profite du moment présent (Andy Nyman : hilarant lors des scènes de la piscine et de la tourte !!), il y a de quoi faire…le film réussit même à certains moment à se moquer du genre comme cette séquence où l'héroïne faussement blonde (Laura Harris, nickel elle aussi) surprend tout le monde en exécutant froidement l'un des agresseurs d'une balle entre les deux yeux en rétorquant qu'elle ne voulait pas que quelqu'un lui reproche un jour de ne pas l'avoir fait ! (ceux qui auront vu ne serait-ce que "Wolf Creek" ou "Scream" comprendront la blague !! ^^) Mais, j’avoue que l’une des perles de ce film restera à jamais la discussion sur les ours et les frontières : aussi inattendue qu’hilarante ! Au milieu de cet humour presque potache, Smith parvient tout de même à glisser une critique non dissimulée contre les entreprises hypocrites qui font des millions de bénéfices en fabriquant et en vendant des armes (et, par extension, met le doigt sur la remise en cause de la responsabilité de l'Europe dans les massacres des Balkans). Cette hypocrisie est démontrée dans un film publicitaire qui passe dans le moniteur du bus au début du film et dans lequel la société vante ses mérites (avec au passage, un moment bien drôle où les employés font remarquer à leur responsable que les filles apparaissant dans le spot sont toutes blondes et que les noirs ne sont employés que dans les scènes où il y a besoin de montrer les armes en action !) Suivant cette critique, il est alors logique que nos amis soient finalement attaqués par ceux à qui leur boîte a vendu des armes ; alors que eux, simples commerciaux, sont finalement incapables d'utiliser leurs propres produits et de se défendre. Comme vous le voyez, l’aspect comédie est bien présent et contraste totalement avec la partie survival qui est très généreuse en matière d’hémoglobine : décapitation, personne brûlée vive au lance-flammes, jambe tranchée, égorgement…bref le gore est lui aussi de la fête !
Balançant sans cesse entre horreur et comédie, mais présenté d’une façon étonnante à laquelle nous ne sommes pas habitués, "Severance" parvient à instaurer une ambiance finalement assez malsaine qui finit paradoxalement à nous divertir agréablement tout en nous proposant un message antimilitariste d’actualité à connotation politique. Décidément, Christopher Smith est un réalisateur doué pour nous surprendre tout en nous comblant, et ce n’est pas de l’euphémisme que de dire que j’attends son prochain « méfait » avec grande impatience !