Pour l’instant Severance était le dernier film de Smith que je n’avais pas critiqué. Honnêtement c’est une comédie horrifique au final assez décevante, de la part d’un réalisateur qui tend toujours à vouloir en faire trop, trop tarabiscoté, tant sur le fond que sur la forme, et dont je ne retiendrai finalement vraiment que Black Death.
Le casting est ici assez sympathique, il est vrai, les acteurs parvenant à donner du volume à leurs personnages, aux caractères bien typés, même s’ils n’évitent pas les caricatures ou les trucs un peu balourds. Reste que Harris, Dyer, McInnerny et consort livrent des prestations tout à fait honorables, et même si on ne s’attache pas forcément à des personnages assez antipathiques, surtout au début, on les suit ou on les voit mourir avec un certain plaisir non dissimulé ! Côté méchant pas grand-chose à dire si ce n’est que pour une fois ils sont « normaux ».
Le scénario est assez problématique. Le fond aurait pu promettre vraiment, avec une approche Détour mortel plus « réaliste » et plus second degré en même temps. Le souci c’est qu’après un début attrayant, Severance tend à décevoir. L’humour est là mais sans plus, proposant parfois, comme un cheveu sur la soupe des situations absurdes dignes d’un épisode de Police Squad. Smith craque parfois complétement, nous offrant comme trop souvent avec lui des séquences dont on ignore la raison ou la provenance (une mettant en scène McInnerny notamment), et puis il y a des lourdeurs dignes d’un American Pie aussi. Le tout matiné de bonnes scènes horrifiques que l’on ne critiquera pas. Le souci c’est que du coup le film, qui en plus cherche à multiplier les références au genre s’égare, se disperse, lâche sa simplicité efficace et n’arrive jamais à installer une tonalité.
Visuellement Smith est plutôt à l’aise quand même. Si les décors déçoivent relativement, avec un usage limité de la forêt, pour autant on a de bonnes scènes horrifiques dans lesquelles les maquillages et la maitrise de Smith sont indéniables. La photographie et de manière générale l’ambiance n’est pas très incisive. Cela et l’humour désamorce généralement l’impact des scènes sanglantes, et on peut le regretter. De même une musique plus significative, peut-être quelque chose de pop tient pourquoi pas, aurait été bienvenu.
Finalement Severance, à l’inverse d’un Doghouse dans le genre comédie horrifique anglaise, n’a pas trop su choisir sa voie. Trop hésitant entre le vrai film d’horreur et la semi-parodie voir l’absurde total, Severance peine à satisfaire ses divers publics. Ça se laisse voir, mais Smith par excès de zèle passe à côté ici, même s’il montre de belles petites choses de ci de là dans ce genre difficile aussi de la comédie horrifique. 2.