Bon, j’avais un souvenir mitigé de Mother of Tears, et bien le fait de l’avoir revisionner pour en avoir une impression fraiche ne m’a pas convaincu, malheureusement. Le film reste clairement un Argento décevant.
Au niveau des bons points je noterai évidemment la tonalité du film, qui se veut sombre, violent, avec des effets horrifiques qui ont une belle présence et sont bien maitrisés, même lorsqu’il est question d’effets numériques, ce qui n’est généralement pas le fort d’Argento. En gros le film ne fait pas de chichi, n’inclue pas d’humour, et c’est à son avantage.
Autre point positif, la mise en scène d’Argento, qui, sans appartenir à ses meilleures restent tout à fait correctes, offrant même quelques séquences de qualité, comme l’orgie, et quelques meurtres qui ne manquent pas de faire bonne impression.
Enfin, troisième bon point, et surement le meilleur du film, la bande son est de très belle facture, avec une partition d’ambiance soignée, et une musique hard rock qui vient donner du punch à certains passages. Bref, je dirai que là-dessus le talent de Simonetti vient secourir souvent Mother of Tears, qui pour le reste est décevant quand même.
L’histoire d’abord manque totalement de consistance. Le film tient en une accumulation de séquences trop disparates, qui manquent de liants. On passe d’un lieu à un autre sans transition, on suit Asia Argento sans trop savoir où elle veut aller, et la conclusion n’est pas à la hauteur. Clairement Mother of Tears manque d’intérêt, et si l’intrigue n’était pas forcément le point fort de Suspiria ou d’Inferno, néanmoins la narration était efficace, et on sentait un scénario structuré voir audacieux pour Inferno avec ses ruptures surprenantes. Là c’est haché, c’est discordant, et parfois assez ridicule. Le film voulant souvent trop en faire, voulant se montrer trop grandiloquent, et échouant malheureusement.
Visuellement on est loin de l’esthétique travaillée des Argento. Sans parler du style baroque de ses deux premiers films de la saga des Mères, c’est un réalisateur qui généralement soigne ses produits pour en faire quelque chose de différent du tout-venant. Là les décors sont trop pauvres, la photographie manque de style et fait très souvent petit téléfilm horrifique, à l’image de ce que l’on peut voir dans pas mal de DTV de genre de base. Le métrage sonne très souvent comme artificiel, lisse, et ce ne sont pas les quelques plans de Rome (le château Saint Ange notamment) qui viennent vraiment nous plonger dans la capitale italienne.
Enfin les numéros d’acteurs ne sont pas enthousiasmants. Il y a des seconds rôles qui franchement passent à côté (Udo Kier en roue libre totale fait n’importe quoi), tandis que l’héroïne, campée par Asia Argento laisse une impression mitigée. Pas trop mal, malheureusement il y a quand même des passages où elle fait des contre-performances, mais à sa décharge on peut aussi dire que c’est souvent lié à des situations ubuesques (l’alchimiste !).
Enfin, en conclusion ce Mother of Tears déçoit. L’histoire est le plus gros point noir, mais le film ne parvient pas à compenser niveau esthétique (trop toc) ni avec ses acteurs pas assez bons voir décevants. Si le style sans concession voir subversif parfois du film pourra plaire, et si sa bande son et la mise en scène explicite d’Argento pourront convaincre, malheureusement les bons points mit en balance avec les mauvais ne suffisent pas à donner à ce film une bonne note. 1.5