De l’avis même de Jean-Jacques Annaud, le cinéma est une prise de risque permanente, un défi aux règles. Une pensée qu’il met, aujourd’hui, en application, avec “Sa majesté Minor”, parfaite illustration, en 24 images par seconde, du “Ça passe ou ça casse”. Un film aussi hybride que son duo central (Minor, mi-homme, mi-cochon; et Pan, le satyre, mi-homme, mi-bouc), qui risque de laisser plus d’un spectateur perplexe, au sortir des 100 minutes de cette plongée dans l’époque pré-homérique, aux côtés de Minor. Muet et doué pour le mouvement du groin, ce dernier a toujours vécu parmi les cochons, dans un village d’une île perdue sur la mer Égée. Jusqu’au jour où, cherchant à espionner la belle Clytia, il tombe d’un arbre, meurt, puis ressucite, doué de parole, et apprend la vie, chaperonné par Pan, un satyre très porté sur la chose. Un peu comme tous les personnages de cette farce païenne. À moins que ce ne soit une blague tout court. Le doute nous assaille plus d’une fois, mais optons pour la première solution, le passé cinématographique d’Annaud jouant en sa faveur, d’autant plus qu’il reprend ici certains de ses thèmes fétiches comme l’animalité ou l’importance de la sexualité. Omniprésence serait peut-être plus appropriée pour rendre compte de cet OVNI, plus grivois que graveleux, porté par les prestations hautes en couleur de José Garcia et Vincent Cassel, mais capable de passer, en l’espace de trois réplique successives, de l’hilarant au navrant, en passant par le déconcertant. Drôle, atypique et étrange donc, mais, au final, mineur.